Propos recueillis par notre envoyée spéciale à Djemila Wafia Sifouane LA TRIBUNE : en tant qu'artiste résidant à l'étranger, quelles sont vos impressions sur cette visite en Algérie ? Houria Aïchi : je suis très contente d'avoir eu l'opportunité de revenir aussi vite en Algérie. J'étais à Alger le 20 juillet dernier à l'occasion de la 2ème édition du Festival panafricain et j'ai vraiment apprécié d'y être présente. Cela me fait sentir que j'ai vraiment une place dans mon pays et ma place parmi les artistes algériens. «El Qods, capitale de la culture arabe», quelle lecture faites-vous de ce slogan ? Je suis déjà venu à Djemila en 2006 durant l'édition spéciale «Djemila, Baalbek», c'était un moment très difficile pour nos frères libanais. J'étais très fière d'être là car le chant est ma seule manière de compatir et de démontrer ma solidarité. Aujourd'hui, dans le cadre d'«El Qods, capitale éternelle de la culture arabe», je crois que je suis toujours dans cette vague de fraternité pour un peuple qui se bat depuis 60 ans pour libérer ses terres. Que réservez-vous à votre public de ce soir ? Ce soir, je suis venue avec un nouveau spectacle que j'ai monté avec un groupe de musiciens natifs de Strasbourg. Ce spectacle est le fruit de mon envie de frotter la musique moderne au chant chaoui. Ce groupe «Hijaz Car» a manifesté un grand intérêt envers mon chant. Avec lui, j'ai essayé de porter ma culture le plus loin possible. Résultat, je suis en pleine tournée internationale. Qu'avez-vous voulu faire à travers cette expérience ? Sincèrement, je tiens à préciser qu'en créant cet album je n'aspirais nullement à moderniser le chant chaoui, ce qui pourrait être perçu comme le dénaturer. En joignant ma voix aux sons de Hijaz Car, j'ai tenté une confrontation artistique. Cela pour démontrer que nous avons une culture très vaste qui peut s'associer à d'autres. Pourquoi cette envie de glorifier les cavaliers de l'Aurès ? Etant jeune, je me rappelle très bien ces cavaliers sur leurs chevaux blancs, vêtus d'une tenue blanche, le visage à moitié couvert. Ces personnages m'ont fascinée ; d'ailleurs, c'est le seul souvenir qui me rappelle mon enfance à Batna. Pour moi, ce sont des gens mythiques et fabuleux ; c'est pour cela que j'ai tenu à leur rendre hommage à travers cet album. Comment s'est faite votre rencontre avec le groupe Hijaz Car ? Ma rencontre avec le groupe Hijaz Car s'est faite par l'intermédiaire de ma directrice artistique Martina qui m'a mise en contact avec Grégory Dargent. Ce dernier a l'habitude de toucher aux sonorités orientales du Bassin méditerranéen, il a même joué avec les Touareg algériens ; donc, le contact s'est fait très facilement. J'ai mis beaucoup de temps à faire la collecte des chants chaouis ; à l'aide de son groupe, il a mis à peu près une année pour la composition. Un message pour la jeunesse algérienne… le phénomène des harraga ... En tant qu'artiste, je dirais aux jeunes Algériens que l'autre rive est une illusion en même temps qu'une réalité. Il est vrai que ce sont des pays développés mais il y a plein de problèmes tels que le chômage ; il est très difficile de trouver du travail à l'étranger. Mais je pense que les Algériens le savent. Le conseil que je donne aux gens, c'est d'essayer de développer le pays pour aider les jeunes à y trouver ce qu'ils vont chercher ailleurs.