Partout à travers le monde, en sport le football est la locomotive. Notre pays ne peut donc y déroger d'autant que, quel que soit l'intérêt accordé aux autres disciplines, cet intérêt a de tout temps été minime. Elles sont pourtant les seules à fournir d'authentiques satisfactions à l'Algérie au cours d'événements de dimension planétaire, notamment aux Championnats du monde d'athlétisme et jeux Olympiques. Néanmoins, le football reste le baromètre de l'état de santé des sports et quand le football ne va pas… rien ne va. Nous en donnons pour preuve l'ambiance maussade de la compétition nationale de ces vingt dernières années et la disette internationale. Alors, c'est en ce sens que peuvent être interprétés des propos récemment tenus par des acteurs, deux acteurs essentiels par leur proximité du sport-roi. Leurs propos peuvent être soupesés différemment compte tenu du contexte dans lequel ils ont été formulés et la responsabilité des deux personnes évoquées, même s'ils (les propos) ont cela de particulier qu'ils se rejoignent dans le fond parce qu'en réalité… d'une implacable lucidité. Dans un entretien fleuve, Merakchi, footballeur de son état, a affirmé que «sans les professionnels, l'équipe nationale de football n'avait aucune chance de réaliser le parcours jusque-là accompli dans les phases éliminatoires combinées CAN/CM». Ce qui, au demeurant, crève les yeux. M. Raouraoua a, autrement, formulé la même certitude, soulignant pour sa part qu'«il n'existait pas de relève après Raho et…». Raho est l'un des rares éléments évoluant dans le championnat national à faire partie de l'EN. Une sorte d'exception à la règle. C'est dire la dimension du drame que vit le secteur des sports qu'il ne faudrait pas circonscrire toutefois au seul football. Ainsi, en athlétisme, la discipline est à la ramasse, le Mondial de Berlin devant confirmer cette profession de foi, le handball exportateur… d'orgueil national a vécu et la boxe à un degré moindre. Mais il faut nécessairement revenir au football. Ce qui n'est pas faire une fixation sur une discipline qui, en réalité, malgré l'absence de titre de noblesse, n'en demeure pas moins celle par laquelle respire le peuple. Le sport-roi… alors opium ou religion ? Tout est possible et c'est selon. Or, dans ce secteur il n'y a pas de relève et, s'il n'y a pas de relève en football, il reste très peu évident qu'il en existe ailleurs, d'autant que les autres disciplines exigent des moyens, des prédispositions naturelles et, surtout, un environnement technique scientifique au diapason sans cesse renouvelé compte tenu de la course contre la montre en matière de performances. Au 100 m, un phénomène nommé Usan Bolt Où s'arrêtera par exemple l'exploit dans le 100 mètres, qui ne peut, malgré tout, dépasser les limites physiques et physiologiques humaines. Usain Bolt est aujourd'hui un surhomme après que l'eut été Lewis et bien avant Lewis… Jesse Owens avec un chrono de… marcheur d'aujourd'hui. En fait, tout est en train d'évoluer à un moment où, en Algérie, tout régresse, en sport s'entend. Autrement dit, il relève de la gageure de rattraper les retards. Néanmoins, le football, mais seulement à travers l'équipe nationale, semble renaître de ses cendres. Y a-t-il une explication ? Existe-t-il une relève contrairement à ce qui est affirmé depuis l'entame du sujet ? Malheureusement non ! L'ossature de l'équipe nationale de football est formée d'éléments évoluant à l'étranger et, dans leur majorité, formés à… l'étranger. Là est alors le paradoxe, il y a trente ans c'est l'inverse qui était vrai. Le footballeur algérien était largement exportable et, mieux, faisait les beaux jours de son club. L'exemple de Rabah Madjer est le plus illustratif, alors que Belloumi refusait l'offre de Malaga au profit du GC Mascara, Merezkane éclipsait Briegel, Fergani mettait sous l'éteignoir Breitner et, contrairement à Bensaoula, Hrubesh bouffait le gazon face à Cerbah. Bien avant, à Split, Slimani et ses coéquipiers donnaient une leçon de football aux Yougoslaves et, bien avant encore, Mekhloufi, Kermali, Bouchache et les autres faisaient les beaux jours de clubs français comme Saint-Etienne ou Le Havre. Durant ces années, toutes les associations nationales, quelle que soit leur envergure, étaient tout d'abord de véritables écoles de football. C'était pour les thaumaturges qui géraient le football un acte… naturel, une action située dans l'ordre normal des choses. Toute banlieue ou grand faubourg, avait son club, un club entièrement structuré dans toutes les disciplines avec toutes ses catégories. Comble de l'ironie, certaines personnes qui n'ont rien à voir avec le football ironisent en disant du PAC qu'il s'agit d'une équipe de quartier. Or, c'est des quartiers que le football algérien est parti et a atteint le firmament. Il arrivait qu'elles (les associations) refusent du monde, laissant sans doute sur le carreau de véritables talents. Combien de géniaux joueurs ont dû faire l'impasse sur une carrière parce que les places étaient chères ? Combien de numéro 10 ont vécu à l'ombre de Belloumi quand il avait le monopole de ce poste en EN ? Pourtant, ce n'est pas le talent qui manquait à Meziani, Benboutelja, Sebar, Guerili et autres. Ce que vivait l'EN était vécu par l'ensemble des clubs. Pourtant, ces surhommes étaient découverts souvent sur le tas par des prospecteurs amateurs qui sillonnaient les terrains vagues, les espaces «mouchoirs de poche» entre deux barres d'immeubles. Ils étaient repérés et éligibles à la première touche de balle, épargnant toutes les questions et tous les tests. Au jour d'aujourd'hui, même les entraîneurs ne daignent pas, à temps perdu, jeter un coup d'œil sur les catégories jeunes. Alors que dire des prospecteurs ? Une race éteinte, des dénicheurs de vrais et grands talents, disparus hélas, avec toutes les réformes possibles… censées mettre le football sur orbite. Parler de relève pour les prochaines années relèverait pour tout esprit cartésien du rêve le plus fou parce que irréalisable. C'est pour cela que Merakchi et Raouraoua ont raison sur toute la ligne. A. L.