Beaucoup de passion et de patience, deux mots qui semblent bien inscrits dans le vocabulaire et le quotidien de M. Bennari Ali. Agé de 55 ans, ce quinquagénaire voue un amour particulier à l'art du maquettisme qu'il a appris en pratiquant. «Je n'ai jamais suivi de formation, j'ai toujours exercé dans des travaux manuels tels que la plomberie, la menuiserie mais je n'ai jamais été satisfait par mon travail jusqu'au jour où j'ai découvert l'art de réaliser des maquettes», dira-t-il. Avec une expression teintée de nostalgie il nous parlera de ses débuts : «Je me souviens avoir passé sept ans à me chercher, à me poser des questions ; j'étais perdu. J'ai touché presque à tout et quand j'ai effectué mon service militaire, je passais mon temps libre à travailler sur une table. J'ai utilisé des millions d'allumettes durant tous ce temps jusqu'à 1970 où j'ai réalisé ma première œuvre sous forme de minaret, c'étais mon passeport dans ce domaine.» Cet artiste aux moyens financiers réduits, exerçant de temps à autre le métier de cordonnier, a participé plusieurs fois à des événements nationaux. On citera, entre autres, sa participation à l'exposition organisée à la salle El Mouggar dans le cadre de «El Qods, capitale éternelle de la culture arabe» au cours de laquelle il a exposé une maquette de la mosquée d'El Qods. Une œuvre qui lui a pris plusieurs mois de travail et d'acharnement pour réaliser tous les détails. Aussi, il a exposé ses œuvres au niveau de la maison de culture de la wilaya de Tizi Ouzou durant trois années successives 1986,1987 et 1988. Une autre à la Grande Poste d'Alger en 1980 avec une copie réduite de ce monument. Quant à sa dernière création, elle n'est autre qu'un clin d'œil envers l'un des plus beaux monuments culturels que la capitale possède : le Théâtre national algérien. Au-delà de son talent et des difficultés quotidiennes auxquelles Ali fait face, celui-ci aspire à inculquer son savoir-faire aux gens qui l'entourent. «Lors de mes expositions, plusieurs jeunes gens me demandent où j'ai appris cet art et s'il existait une école de formation pour réaliser de telles maquettes. Je leur répond que c'est un don que j'ai, mais cela n'élimine pas la chance de pouvoir l'apprendre», déclare-t-il en ajoutant : «Je lance un appel aux autorités concernées, aux responsables et à toute personne voulant m'aider à lancer cette formation dans le domaine du maquettisme, une formation artistique dont je ne peux honorer les frais tous seul.» Une envie de partage dont il ne peut être que fier. D'autre part, il nous confiera que plusieurs ambassades ont fait appel à ses services pour des participations à l'échelle internationale, faute de moyens il s'est souvent vu refuser de telles opportunités. «C'est toujours la même chose, mais je le dis haut et fort que si je participe à un festival à l'étranger cela ne se fera pas a titre personnel, car je veux représenter mon pays.» W. S.