L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), lors d'une journée débat sur la production nationale et la loi de finances complémentaire 2009, a suggéré la suppression de la subvention accordée par l'Etat pour les produits de base, tels le lait et le pain. Selon M. Boulenouar, représentant de l'UGCAA, cette proposition est dictée par le fait que cette subvention ne profite pas seulement aux familles nécessiteuses mais aussi aux riches. Il propose que la subvention de l'Etat aille directement dans les poches des personnes qui la méritent vraiment. De quelle façon ? L'intervenant dit que c'est au gouvernement de se pencher sur la faisabilité de la chose, car, poursuit-il, et sans mâcher ses mots, «l'Etat subventionne des produits que des contrebandiers font sortir des frontières est et ouest pour les revendre à des prix plus élevés». Se disant favorable à la loi de finances complémentaire 2009, Boulenouar a émis des propositions allant dans le sens de l'éradication du marché informel qui est à 80% responsable de tous les fléaux, entre autres, le blanchiment d'argent, la corruption et la fraude fiscale, la révision du système fiscal, la promotion, voire la revalorisation, de la notion du développement local et, enfin, la précipitation dans la mise en place du projet de création du réseau de distribution. Pour sa part, le Dr Mourad Preure, expert économique en affaires stratégiques, invité à cette journée de débat, a donné son avis par rapport à la loi de finances complémentaire 2009. Il souligne que les mesures qu'elle contient sont brutales. «C'est une correction brutale», dit-il, relevant aussi «un certain déficit de communication». C'est-à-dire qu'il aurait fallu, explique-t-il, «un minimum de concertation avec le secteur économique, les associations patronales, les représentants des commerçants pour que ces mêmes mesures soient réalistes dans leur mise en pratique». Evoquant le patriotisme économique, dont il est militant, le Dr Preure explique qu'«il suppose un partenariat public et privé car il n'y a pas que le secteur public qui défend l'intérêt national». Pour lui, «la question de la souveraineté doit être reformulée totalement, car, si l'on veut monter en puissance économiquement les entreprises doivent être aux standards internationaux de compétition». Pour lui, l'industrie qui ne représente que 5% du PIB (produit interne brut) est une situation extrêmement dangereuse. Précisant qu'une stratégie ne se fait pas en vase clos, le Dr Preure dira qu'«il faut que l'Algérie ait une ambition de puissance. Si elle veut l'avoir, elle doit créer des conditions en associant les acteurs économiques». Sur les 13 championnes de l'industrie, le conférencier souligne que «ce n'est pas une chose qui se décide d'en haut» et qu'il y a déjà en Algérie de grandes entreprises telles que le Groupe Haddad, Cevital, Saidal, Algérie Télécom. «Je suis pour une approche pragmatique dans cette démarche mais l'Etat doit être le grand ordonnateur.» Interrogé pour donner son avis sur les réformes économiques menées depuis une dizaine d'années, le Dr Preure indique : «Honnêtement, je ne vois pas des choses palpables. Nous vivons le syndrome hollandais où les exportations des hydrocarbures arrivent à inhiber tout le tissu productif local. La prospérité pétrolière arrive à permettre d'importer et de concurrencer la production locale.» B. A.