Photo : Riad Par Karima Mokrani Samedi, journée de repos, les Algériens s'y habituent rapidement. Et comme par hasard, la journée d'hier était aussi celle du premier jour du mois de Ramadhan. Une occasion pour les vacanciers de prolonger leur grasse matinée. Chose faite… au détriment de tout le reste. Car, au moment du réveil, c'est la précipitation vers le marché pour l'achat de fruits et légumes nécessaires pour la préparation de la table du f'tour. Des repas qui se veulent toujours riches et succulents. Ce qui n'est pas évident en ces temps de grande cherté de tous les produits de large consommation. La mercuriale est en flammes. Ça brûle depuis plusieurs jours et ça ne s'arrête pas. La tomate à 100 DA le kilo, la carotte à 90 DA, la courgette à 90 DA, la laitue à 90 DA, la pomme de terre à 40 DA et 50 DA, l'oignon à 35 DA et 40 DA, le haricot vert à 100 DA, le poivron à 60 DA, le concombre à 60 DA, le poulet à 350 DA, l'escalope de dinde à 550 DA, la viande ovine de 750 DA à 900 DA… etc. Les mêmes prix, à des différences près, sont affichés dans les marchés Clauzel et Ali Mellah, dans les communes d'Alger-Centre et Sidi M'hamed. Et ce n'est pas propre à ces deux communes. Le même constat est fait dans tout Alger et partout ailleurs dans le pays. C'était prévisible… ça se passe comme cela chaque mois de Ramadhan ! Les commerçants véreux guettent les bonnes occasions et font grimper les prix, du jour au lendemain, sans raison apparente. Il faut attendre plusieurs jours pour que les prix se stabilisent, que la situation se redresse. En attendant, la mercuriale s'affole, s'enflamme sérieusement. Ces prix dissuadent les plus dépensiers de faire leurs commandes. Des citoyens s'insurgent, boudent les étals. «Où allons-nous comme ça ?», «Voleurs!» «Profiteurs!», «Mécréants!», «C'est quoi ce mépris?» ? «Qui nourrira le pauvre ?», «Devrions-nous bouder le marché ?»… des propos et des interrogations qui renseignent sur le degré de mécontentement des consommateurs. D'autres se résignent, se soumettent devant le fait accompli. Ont-ils vraiment le choix ? Se disent-ils comme c'est le cas de cette femme enceinte qui pense à sa santé et à celle de son enfant. Au marché Ali Mellah, de nombreux citoyens ont vite fait de rebrousser chemin à la lecture des premiers prix qui tombent sous les yeux. Ils sont nettement supérieurs à ceux de Clauzel et pour des produits de moindre qualité. Les vendeurs incriminent les grossistes qui «leur vendent plus cher sans même les aviser». Les grossistes, à leur tour, accusent les fournisseurs et les producteurs… et ainsi de suite. L'Etat se retrouve mis en cause en première place. N'est-ce pas lui qui est censé réguler le marché. «Ce n'est pas de notre faute, c'est la faute à l'Etat», lance un vendeur du marché Clauzel. «Mais que fait l'Etat ?», s'interrogent de nombreux citoyens. Cet Etat qui, par le biais de ses différents responsables, assure et rassure sur sa disponibilité à mettre en place les moyens nécessaires pour faire face à l'anarchie. Les mêmes promesses, les mêmes engagements, chaque année… mais le résultat est là : les prix dépassent tout entendement. Les fonctionnaires ne se retrouvent pas. Que dira-t-on alors des sans revenu et des familles démunies ? Parlant de l'Etat, chaque mois de Ramadhan, les directions de la concurrence et des prix, dans différentes wilayas du pays, font en sorte de renforcer le contrôle. Les agents de contrôle font le tour de tous les marchés, conseillent, avisent et menacent les vendeurs qui ne se conforment pas à la réglementation. Les efforts fournis donnent peu de résultats sur le terrain. Et pour cause : ces agents de contrôle peinent à imposer leur autorité faute de moyens humains et matériels. Ils sont en nombre réduit et ne disposent pas de suffisamment de véhicules pour leurs déplacements. Sans compter les menaces d'agressions physiques et verbales dont ils font objet quotidiennement. Il y a quelques années, un contrôleur a été tué par un boucher dans une wilaya de l'intérieur du pays. Un autre a été violemment agressé par un autre à Alger. Que peut-on attendre de ces agents dans des conditions pareilles ? L'Etat est appelé à prendre des mesures fermes pour venir à bout des pratiques illégales qui sévissent pendant ce mois de Ramadhan. Le citoyen, aussi, doit agir de façon à ne pas laisser faire les commerçants véreux.