Photo : Riad Par A. Lemili C'est sans doute à partir de demain que se dessinera aux deux tiers de sa réalité la qualification de l'Algérie au prochain rendez-vous planétaire de football. D'aucuns évoquent d'ores et déjà un retour dans le giron mondial de la sélection nationale absente des terrains à un tel niveau depuis 1986. Une si longue absence, dirons-nous. En fait, parler d'un retour parmi le gotha du football serait faire preuve de prétention en ce sens que deux qualifications successives à deux Championnats du monde consécutifs (1982-1986) ne vaut pas la peine de trop gloser sur une, voire deux performances acquises par des footballeurs d'exception et plus particulièrement parce que amateurs. Ainsi, comme la France en 1998 (Argentine), en 1982 (Espagne), l'Algérie avec sa génération spontanée bouleversait l'ordre établi et venait livrer, de la manière la plus inattendue, les facettes techniques d'une portée de prodiges hors normes… au vu des gestes les plus fous que se sont permis Merzekane, Madjer, Assad, Belloumi et Fergani pour ne citer que ce quintette de virtuoses. La France reviendra en 1986 pour des exploits que nul ne peut ignorer et encore moins sous-estimer ; la sélection hexagonale subira une traversée du désert dont les responsables nationaux du football et à un plus haut niveau politique tireront des enseignements. Les corrections apportées auront pour récompense deux sacres : champion du monde et champion d'Europe et une présence quasi régulière à tous les rendez-vous continentaux et intercontinentaux. Entre-temps, l'aventure algérienne s'est arrêtée à Mexico. Les deux participations sont plus à mettre sur le compte du génie particulier d'une bande de jeunes footballeurs dont la rencontre est à mettre sur le compte de circonstances exceptionnelles, favorisée par un télescopage spatio-temporel qui a… accouché du must du football algérien depuis que la discipline est née. Preuve en est que ces exploits sont l'expression directe d'une bande de footballeurs de l'est, du centre et de l'ouest du pays, il n'y aura plus jamais à partir de Mexico une réédition de telles prouesses sportives si tant est que le trophée de 1990 (CAN), qui plus est acquis en Algérie, et nul parmi les plus inconditionnels des sportifs algériens ne peut démentir cette réalité immuable qui veut que le pays organisateur d'une compétition du genre a de très fortes chances de la remporter pour des raisons qui ne sauraient également être occultées. A moins de faire sienne avec le plus grand chauvinisme la politique de l'autruche. La race des grands footballeurs s'est donc éteinte avec la génération 90 et les quelques apparitions dans les tournois qui suivront sont plutôt à oublier. Avec la sélection nationale d'aujourd'hui, il ne s'agit donc pas d'un retour parmi le gotha mondial, mais de l'avènement claironné d'une nouvelle sélection nationale bâtie sur les canons du métier en ce sens que l'armada qui matérialise de mois en mois la participation de l'Algérie au Mondial d'Afrique du Sud est constituée de vrais professionnels, lesquels, sans doute, n'ont pas le profil de magiciens du ballon rond (quoique Rafik Saïfi joigne l'utile à l'agréable en s'acquittant du rôle de l'alouette faisant le printemps en s'exprimant, péché mignon oblige, d'une manière plutôt poétique balle au pied). Ces footballeurs d'un nouveau cru sont tout d'abord des professionnels dont le métier est de le faire convenablement parce qu'ils sont payés pour ça d'abord. Même si d'autres, quoique sans pour autant écraser une larme, jurent que l'amour de la patrie est le premier vecteur des résultats jusque-là acquis. Matmour et ses coéquipiers ont l'ardent désir d'aller au Mondial et à l'autre compétition qu'est la CA pour la simple raison donc que les instances nationales sportives, voire le pays en entier, investissent tous leurs espoirs dans cette qualification. Il s'agit donc d'une mission qu'ils rempliront comme ils rempliront toutes celles qui viendraient après pour peu que l'environnement immédiat soit propice. Le constat est facile à faire… les résultats acquis jusque-là plaident pour cela… les responsables ont donc accompli leur devoir à leur tour. Que peut-on retenir dans tout cela ? Que rejoindre une compétition d'un tel niveau (Mondial) est dans les cordes du joueur algérien pour peu qu'il ait le profil de l'emploi, l'amour du métier, une certaine culture, un minimum intellectuel et évidemment l'honnêteté morale. Depuis 1990, l'Algérie en tant que nation sportive dispose-t-elle de tous ses ingrédients ? Fieffé mensonge que d'affirmer le contraire. En tout état de cause, le football national ne réintègre pas le giron du football… il ouvre en fait une nouvelle page, celle d'un livre qui pourrait ne jamais se refermer si le cap est maintenu en l'état dans l'avenir. L'Algérie a toutes les chances de son côté pour aller en Afrique du Sud. Mieux, la sélection nationale, une fois sur place, va en étonner bien d'un parmi les observateurs et, comme en 1982 et 1986, bouleverser l'ordre établi même si le Cameroun, le Sénégal et à un degré moindre le Maroc ont fait bouger les dogmes.