Désormais, c'est devenu une tradition, voire une obligation. Il est quasiment impossible de parler d'un secteur en Algérie sans évoquer deux phénomènes au demeurant complémentaires : la contrefaçon et le marché parallèle. En effet, ces deux fléaux économiques gangrènent, à l'instar des autres secteurs, le marché des articles scolaires. Si, en réalité, les causes de propagation de ces phénomènes dans ce marché sont quasiment les mêmes que dans d'autres secteurs d'activité (la puissance de certains barons et importateurs véreux, l'inertie des actions menées jusque-là par l'Etat, le gain facile…), il n'en demeure pas moins qu'un autre facteur spécifique à ce secteur en est également la cause : le niveau de la production locale est très faible, ce qui se traduit par des importations massives des articles scolaires afin de satisfaire la demande nationale. En clair, le fait de produire localement à hauteur de 30% a permis aux importateurs d'inonder le marché algérien en pleine croissance d'articles en tous genres. Etant de facto dans une position de monopole, ces derniers ne soucient guère de la qualité des produits, d'autant que leur marchandise est vendue aisément dans le marché parallèle. Echappant à tout contrôle, ces derniers ont tissé, au fil des années, des réseaux allant du port aux vendeurs ambulants. Alors comment approvisionnent-ils les marchés ? Qui est derrière la survie des marchés illicites ? Comment les articles scolaires importés atterrissent-ils sur les trottoirs de nos villes, durant cette période ? Ces questions que la plupart se posent reviennent tel un refrain à chaque rentrée scolaire et à chaque virée à travers auprès de ces libraires et marchands ambulants. Elles demeurent hélas pendantes. Si, à bien des égards, l'intérêt économique de notre pays peut être relégué au second plan, la santé de nos enfants mérite toute l'attention des pouvoirs publics. Car, en plus du lourd préjudice financier ces deux phénomènes que causent à notre économie, ces produits importés dans la quasi-totalité d'Asie sont parfois cancérogènes. Et les exemples ne manquent pas dans ce sens. Les services de contrôle des Douanes algériennes ont découvert, l'année dernière, du plomb (une matière cancérigène) dans certains produits chinois, à l'exemple des règles, des protège-cahiers et des stylos. Et étrangement, la plupart des produits sur les étals de ces vendeurs à la sauvette, offrant au passage une gamme très variée de stylos, crayons, cahiers, jusqu'aux cartables, proviennent de ces pays. Il suffit juste de faire une virée sur ces lieux pour se rendre compte que la plupart des articles portent l'inscription «made in China». Un autre paradoxe : afin de cacher cette mauvaise qualité, nos amis chinois n'ont pas trouvé mieux (opération marketing dites-vous ?) que de proposer des articles scolaires aux couleurs gaies et comportant surtout des effigies de «Spiderman» et de «Batman» pour attirer les bambins.