De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Chaque fois, c'est la même histoire qui se répète. Toute extension d'une ville se fait de façon anarchique et les pouvoirs publics laissent faire jusqu'au jour où les responsables, mis devant le fait accompli, se voient obligés d'agir pour la suite de l'extension. Mais pour beaucoup de préoccupations, il est toujours trop tard pour faire quoi que ce soit dans le sens de la réparation des dégâts occasionnés au détriment des normes d'urbanisme. Il s'agira donc pour les pouvoirs publics de rafistoler dans le cadre d'un hypothétique PDAU et/ou POS à inventer sur place pour parer au plus urgent, comme la réservation de quelques poches de terrain pour certains équipements publics, tels les établissements scolaires ou ceux de sécurité.Et la culture dans tout cela ? Mis devant le fait accompli, les pouvoirs publics ne pensent même pas à prévoir des infrastructures culturelles. Dans le cas de la wilaya de Tizi Ouzou, le constat est flagrant et surtout amer en matière de disponibilité de ces infrastructures. Jusqu'à présent il n'y a que la maison de la culture Mouloud Mammeri qui fonctionne à 100% de ses capacités. D'ailleurs, pour manque d'infrastructures, cette institution dépasse parfois les 100% en termes de fonctionnement, ce qui donne un sacré coup à la qualité des prestations culturelles et artistiques proposées. Cela devra continuer tant que l'enceinte du Théâtre régional Kateb Yacine n'aura pas connu un achèvement dans les travaux de réhabilitation qui traînent encore en longueur. La réception du Théâtre régional permettra à la maison de la culture Mouloud Mammeri de se débarrasser au moins des activités théâtrales, et ce, en attendant que les salles de cinéma de la wilaya, fermées depuis longtemps, soient réhabilitées et rouvertes au public. Un public qui a été longtemps privé du grand écran, réduisant ainsi de façon dramatique le nombre de cinéphiles dans la région. Quelques projets de réhabilitation existent, notamment au profit des salles de cinéma le Mondial et le Djurdjura, mais cela reste des projets et quand on voit le temps que mettent les projets à aboutir, les cinéphiles seront priés d'attendre longtemps, très longtemps, pour espérer revoir un jour un film dans une salle de cinéma à Tizi Ouzou. Il faut dire que, pour cette wilaya, il ne s'agit pas seulement de réhabiliter les salles de cinéma fermées. Les pouvoirs publics, s'ils veulent réellement réhabiliter le septième art et renforcer le public cinéphile, devraient penser aussi à la réalisation de nouvelles salles de cinéma dans le chef-lieu de wilaya mais aussi et surtout dans les différentes localités dont une majorité n'a jamais disposé d'une telle structure culturelle. Il reste aussi les autres disciplines culturelles et artistiques qui manquent cruellement d'infrastructures et il serait inutile de rappeler la question de la réalisation d'un conservatoire de musique dans cette wilaya pullulant de musiciens et de chanteurs qui, en majorité, ne maîtrisent pas la création mais surtout la transcription musicale. Ce serait un tremplin pour de jeunes artistes en herbe qui releveront certainement le niveau de la musique kabyle, laquelle n'arrive pas à se départir de la chansonnette légère festive. Voilà en gros ce que devraient faire les responsables de l'Etat s'ils ont réellement la volonté de faire rayonner la culture et l'art dans cette wilaya de Tizi Ouzou et même au-delà de ce territoire. Parce que, pour l'instant, il y a peu d'infrastructures, donc, peu de culture.