De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Que ce soit les piétons, les automobilistes ou, plus grave, les commerçants, tout le monde en souffre. Le commerce informel, ou ce qui est appelé communément les trabendistes des trottoirs, fait fureur à Tizi Ouzou, au grand dam du semblant d'économie locale. Le chiffre d'affaires des commerçants, notamment ceux qui proposent les articles qui envahissent les trottoirs, et même la chaussée, a baissé de moitié, selon des commerçants exerçant dans le centre-ville de Tizi Ouzou. Et c'est le budget de l'Etat, entre la mairie et la wilaya, qui reçoit le coup fatal puisque la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) s'est réduite comme une peau de chagrin ces dernières années. Rue Lamali Ahmed. Il est 8h et le long du trottoir qui longe le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, il n'y a déjà pas de place pour le stationnement. Et pour cause, de nombreux véhicules, pour la plupart utilitaires, y sont déjà garés. Leurs propriétaires s'affairent à «décharger» la marchandise de façon anarchique, à même le trottoir. Il faut faire vite et ranger plus tard. Tout est proposé, vêtements, lingerie, chaussures, vaisselle, biscuits et parfois… de la nourriture périssable sous le soleil. Première observation : un petit tour tout le long du trottoir permet de remarquer que plus de 90% des véhicules garés sur les lieux sont immatriculés dans les wilayas de Boumerdès et d'Alger. Tous les commerçants de la ville ont remarqué cette «anomalie». «Non seulement ils ne payent aucune charge comme nous mais en plus ils viennent d'autres wilayas, cela veut dire que même le commerce informel ne profite pas aux jeunes de la wilaya», disent deux commerçants de Tizi Ouzou rencontrés ensemble. Ils profitent de notre présence pour signaler que certains commerçants de Tizi Ouzou, et même des grossistes, se sont mis de la partie en trouvant des coins sur des trottoirs de la ville. Ces dernières semaines, cette anarchie a connu une extension vers d'autres rues de la ville comme l'avenue Abane Ramdane (la Grand-Rue) ou la rue colonel Amirouche (ancienne route d'Alger) où toutes sortes d'articles sont proposées à même le sol à des prix qui défient toute concurrence. C'est la seconde observation faite après un autre tour mais du côté de la Grand-Rue de Tizi Ouzou. Et c'est tout naturellement que les commerçants de la ville de Tizi Ouzou, qui exercent légalement, deviennent furieux à cause de la passivité des pouvoirs publics. Dans une wilaya qui souffre du manque d'entreprises économiques, source de richesse et d'emploi, la dernière chose à faire pour des responsables en quête du bien-être de leurs concitoyens, c'est de tuer le commerce légal. Et le laxisme des autorités devant le diktat de ces commerçants favorise ce crime contre le commerce dans la ville de Tizi Ouzou et, par ricochet, dans toute la wilaya. De nombreux commerçants pensent changer d'activité pour éviter la faillite, mais ils semblent coincés dans la mesure où, pratiquement, toutes les activités sont victimes du commerce informel, à l'exception des cafés et des restaurants. Et comme Tizi Ouzou a connu une multiplication vertigineuse de ces activités, l'hésitation chez ceux qui veulent changer est tout à fait naturelle. A moins que les autorités agissent…