Photo : Riad Par Amirouche Yazid Les travailleurs de l'Etablissement public des transports urbains et suburbains d'Alger (ETUSA) observent depuis hier une grève illimitée. Les 250 bus au service de la population de la capitale étaient hier à l'arrêt. Des fonctionnaires, qui prenaient habituellement les bus bleus, ont dû recourir au taxi. Le débrayage risque de durer dans la mesure où les grévistes ne sont visiblement pas prêts à reprendre du service «si la tutelle ne daigne pas apporter les solutions qu'exige la situation». Les travailleurs de l'entreprise mettent en avant trois revendications : le versement des subventions des exercices 2006, 2007, 2008 ; le paiement des salaires et l'installation d'un nouveau directeur général à la tête de l'entreprise. Avant de passer à l'acte, la section syndicale de l'entreprise -affiliée à l'UGTA- avait déposé un préavis de grève adressé au ministère des Transports le 2 juin dernier. Au sortir d'une réunion qui les a regroupés le 4 juin 2008 avec l'inspecteur général du ministère, les représentants des travailleurs de l'entreprise n'ont eu droit qu'à des promesses verbales, selon les dires d'un employé interrogé hier près de la place du 1er Mai à Alger. Un représentant des travailleurs intervient alors pour rappeler que la menace de grève a été abandonnée pour le début du mois de juin afin de ne pas pénaliser les écoliers qui s'apprêtaient à passer leurs examens. Son collègue insiste sur la question des salaires que les travailleurs de l'entreprise ne perçoivent qu'après un retard de quinze jours. «La situation dure depuis le mois de janvier de l'année en cours : nos salaires arrivent souvent en retard. Nous ne sommes pas dans l'attente de prime, nous revendiquons plutôt nos droits consacrés par la loi», soutient-il. A propos de la question des subventions, les travailleurs de l'ETUSA indiquent que celles des trois dernières années ne sont pas encore débloquées, ce qui se répercute sur le fonctionnement de la firme. Les travailleurs de l'entreprise tiennent à se fier à leurs déclarations, à la satisfaction de la troisième revendication relative à la direction générale de l'entreprise. «Nous exigeons le départ immédiat de l'actuel directeur général de l'entreprise, installé depuis 2005 pour assurer l'intérim», relève un receveur de l'entreprise. Le bilan du responsable intérimaire est-il négatif ou bien y a-t-il un acharnement contre lui de la part des travailleurs ? La réponse émanera d'un des cadres de l'entreprise qui capitalise une expérience de 25 ans : «Depuis son installation, à l'âge de 73 ans au sommet de la direction, l'entreprise n'a pas si mal fonctionné. Sincèrement je ne comprends pas pourquoi il a été placé à ce poste alors qu'il ne dispose pas des capacités physiques pour assumer ses prérogatives», nous a-t-il déclaré. En définitive, le nouveau ministre des Transports, installé récemment remplacement de Mohamed Maghlaoui, a du pain sur la planche. Car, en plus de la paralysie que va engendrer ce mouvement de grève, l'entreprise compte 2 100 travailleurs.