Pour la deuxième soirée de l'événement «Palestine live» abrité par la salle Ibn Zeydoun mardi dernier, le documentaire Jérusalem, The East Side Story a été projeté face à une foule de spectateurs. Réalisé par Mohamed Alatar, cette œuvre de 56 minutes s'est penchée en profondeur sur la question du conflit israélo-palestinien. En effectuant un voyage dans le temps, le réalisateur est même parti dénicher des images relatant l'approbation de la division de la Palestine en deux Etats, un Etat palestinien et un Etat israélien. Une nouvelle qui a fait l'effet d'une bombe au sein de la population palestinienne qui non seulement a été privée de ses terres mais qui se voit obligée de supporter la présence des colons. Les images parlent d'elles-mêmes, la division est claire. D'un côté, les Israéliens privilégiés, de l'autre, les Palestiniens souffrant le martyre. Sur l'écran, une vieille dame d'origine palestinienne sur le seuil de la maison de son père. Une demeure qui lui a été arrachée de force. Les yeux larmoyants, elle regarde silencieusement les colons dans une maison qui est la sienne. On retiendra aussi l'histoire de Carmen et de Michel, deux Palestiniens de confession chrétienne qui vivent séparément à cause de la construction du mur. Carmen vit seule en compagnie de ses six enfants qui ne peuvent quitter le côté est de la Cisjordanie «côté occupé» ; pis, ses enfants sont sans papiers. Chaque semaine, elle effectue un long périple, destination Beith Lahm, pour rejoindre son époux. Autre victime, un jeune homme atteint d'une maladie rare et mortelle, devant aller aux Etats-Unis pour subir une intervention urgente, les papiers sont son seul souci. Le réalisateur s'attaquera aussi au problème des maisons que les Israéliens démolissent tous les jours sous prétexte qu'elles sont illégalement construites. Des familles déchirées, sans maison, sans identité et sans dignité. Des réalités que les colonisateurs s'amusent à créer avec un sadisme hors pair. Le documentaire est parsemé de belles mélodies surtout de Fayrouz chantant Zahret el madaen, ajoutant une touche artistique très recherchée. Aussi, le réalisateur a réussi à être très explicite en abordant un sujet aussi sensible et complexe, le tout en étant très juste. À la fin de la projection, le public a applaudi chaleureusement pour accueillir le trio Khoury pour une soirée musicale dédiée à la Palestine. Les trois frères d'origine palestinienne rejoignent la scène accompagnés de leurs instruments. Un kanoun, un violon et un oud. Le trio effectue une entrée magistrale suivi d'un morceau de leur album instrumental Oriental Heritage. Le second intitulé Moklatay est dédié à leurs parents. La sonorité est très proche de la musique arabo-andalouse fusionnée avec une touche de musique classique. Le trio ne tardera pas à confirmer son savoir-faire avec le morceau Raqs extrait de l'album Bidoun raqs, un titre énergétique couvant un excellent solo de kanoun. Hélas, le public non habitué à ce genre de représentation ni à ce style de musique recherchée ne tarde pas à quitter la salle. En revanche, les connaisseurs se sont réjouis. W. S.