Photo : S. Zoheir Par Rachida Merkouche Le budget familial n'a pas fini d'être entamé, les motifs d'y puiser encore et encore ne manquant pas durant le mois de Ramadhan. Une occasion religieuse que beaucoup tiennent à ne pas laisser passer sans accomplir un rite, celui de la circoncision de leur enfant. La facture est salée pour des parents qui veulent offrir aux proches et aux amis une soirée faite de friandises et de douceurs. Une soirée où l'on se donne le coup de grâce après un mois éprouvant, en consentant de nouvelles dépenses pour se montrer à la hauteur de l'événement. C'est cher payé pour des familles dont le pouvoir d'achat ne cesse d'être égratigné. Entre la tenue traditionnelle à acheter à l'enfant et les gâteaux et boissons à offrir aux convives, le compte est dépassé. Parfois, les revenus mensuels sont consommés jusqu'au dernier centime. Il faut entendre les commentaires des citoyens dans les boutiques et les marchés, notamment les derniers jours du Ramadhan, pour se rendre compte de la difficulté de leur situation financière. «Nous avons tout dépensé», entend-on çà et là, au moment fatidique de sortir le porte-monnaie. «Il y a un recul assez important, la clientèle se réduit au fil des ans», reconnaît un commerçant dont le magasin propose des tenues complètes et des articles (burnous, seroual, chéchia, babouches…) que l'on peut acheter séparément. C'est le cas de ce jeune père d'un garçon de 3 ans qui affirme ne pas avoir d'autre choix que d'acquérir juste une paire de babouches et une chéchia. «Le costume lui a été prêté par son cousin», souligne le père qui affirme que sa belle-sœur a proposé aux parents de les soulager de «dépenses superflues» en leur prêtant la toilette de son fils. «Comme les savates et le tarbouche sont usés, je suis obligé d'en acheter.» Ce que fait également un autre homme, en y ajoutant un burnous. «C'est une exigence de mon fils qui tient à se draper dans ce vêtement comme il a vu les autres enfants lors de cette circonstance. Si cela ne tenait qu'à moi, je me serais volontiers passé de l'acquisition de cet habit.» Un aveu dont le sens ne peut échapper à personne, tant les frais générés par ce mois, en particulier, sont énormes. Des frais auxquels il compte se limiter en n'engageant aucun centime de plus, la réception du 27ème jour du Ramadhan n'étant pas au programme. Notre interlocuteur affirme en effet que, s'il a choisi le mois de Ramadhan pour la circoncision de son fils, et contrairement à ce qu'on pourrait croire, «c'est beaucoup plus pour ne recevoir personne. Je ne possède pas les moyens d'organiser une soirée. Ce n'est nullement une obligation comme tente de me le faire croire mon épouse, qui, elle, s'attarde sur le qu'en dira-t-on». Dans un autre magasin, un couple admire son enfant vêtu d'une tenue que celui-ci porte pour un essayage. La mère bondit presque en entendant le terme «prêter». «J'ai refusé la proposition d'une de mes collègues qui croyait me rendre service en voulant mettre à ma disposition les vêtements de son fils. Mon plaisir, c'est lorsque mon garçon porte ce que nous lui avons acheté.» L'argument des moyens financiers est vite balayé par cette femme qui rétorque qu'elle et son mari exercent un emploi et qu'il s'agit de leur unique enfant.