Sortir définitivement de la crise : c'était l'enjeu des deux réunions du G8 et du G20, ce week-end, à Toronto au Canada. Mais ce double sommet n'a pas tenu ses promesses. Au lieu d'aboutir à des solutions communes, il a mis au jour des intérêts économiques très différents aux quatre coins de la planète. Hier soir, les négociations promettaient d'aboutir sur un projet a minima : la division par deux, d'ici à 2013, du déficit public des pays du G20.Au Canada, chaque pays est venu avec son propre agenda. Souvent, les discussions viraient au dialogue de sourds.Symbole de ce week-end: les déboires de Barack Obama. Le président américain avait un double objectif : persuader la Chine de relever sa monnaie, et convaincre l'Europe de renoncer à ses plans de rigueur. Deux points essentiels pour relancer la production américaine, et lutter contre le fort taux de chômage qui frappe toujours la première économie mondiale.Peine perdue. La Chine ne veut pas se laisser dicter ses choix économiques. Les dirigeants du Vieux Continent, eux, sont déterminés à réduire leurs déficits nationaux, plutôt que de privilégier la consommation.Cette austérité européenne inquiètent les Etats-Unis. Mais les nouvelles puissances (Inde, Brésil, Chine) s'en préoccupent aussi. Pour elles, la crise est terminée. Et ce qui leur importe, c'est d'exporter. Cette divergence d'intérêts, le G20 a donc fini par l'admettre, en évoquant dans une lettre commune une reprise mondiale " fragile et inégale ".La veille, une autre fracture s'était révélée au sommet du G8 : celle des " anciens " et des " nouveaux ". A Huntsville, les plus riches de la planète ont refusé d'abdiquer devant la montée en puissance des pays émergents. En se retrouvant entre eux un jour plus tôt, ils souhaitaient montrer qu'ils gardaient la main haute sur les domaines du développement, de la paix, de la sécurité et de l'environnement. Affaiblis économiquement, les pays du G8 n'entendent pas passer le pouvoir. Les dirigeants des pays du G20 ont demandé au Fonds monétaire international (FMI) d'accélérer sa réforme de quota. Les dirigeants des vingt pays sont d'accord pour transférer au moins 5% du quota du FMI aux pays en développement présents au dernier sommet du G20, tenu en septembre 2009 à Pittsburgh, aux Etats-Unis. En outre, les dirigeants présents au sommet de Toronto ont exhorté les institutions financières internationales dont le FMI et la Banque mondiale à poursuivre leur réforme sur le processus de sélection de hauts responsables.