De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La Tribune a souvent traité le manque d'infrastructures culturelles dans la wilaya de Tizi Ouzou, comme dans d'autres wilayas d'ailleurs, manque induit par un abandon par le secteur de la culture suite aux nombreuses années d'instabilité politique et de manque de budget. Des années après et malgré des dépenses faramineuses consenties par l'Etat pour ce secteur, les vrais problèmes ne sont pas près de connaître des solutions, les infrastructures ne figurant pas encore dans les chapitres des réalisations alors que le besoin se fait sentir de plus en plus, notamment parmi les enfants et les jeunes. Cette situation s'applique particulièrement au casse-tête de l'apprentissage et de la formation artistique qui restent inaccessibles à la majorité des enfants et à tous ces jeunes qui aspirent à faire du théâtre, à jouer de la guitare ou à pratiquer toutes sortes d'activités culturelles et artistiques. Les ateliers de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et les quelques centres culturels éparpillés à travers certaines localités de la wilaya ne sont pas en mesure de répondre à la demande de plus en plus croissante en matière de formation ou d'initiation artistique, surtout que, dans certains cas, même la qualité de la formation laisse à désirer. Il est vrai que, pour certains enfants et jeunes et même pour leurs parents, l'essentiel est l'initiation à une activité donnée, sans vouloir en faire une star dans le futur, l'art ne faisant pas partie des activités qui font vivre en Algérie. Néanmoins, de nombreux enfants ne trouvent pas le moyen de s'initier aux activités culturelles et artistiques auxquelles ils aspirent ou même auxquelles leurs parents aspirent pour cette sempiternelle question de manque d'infrastructures culturelles dans cette wilaya qui se trouve actuellement parmi les plus pauvres du pays, dans plusieurs secteurs. «Notre centre culturel ne dispense pas des formations en art et je ne peux inscrire mon fils à Tizi Ouzou», dit Fatiha, une enseignante résidant dans la localité de Draa Ben Khedda, non sans préciser qu'un enseignant de dessin donne des cours au centre culturel mais de façon sporadique, d'autant plus que ce n'est pas l'activité qui intéresse son fils qui «rêve de jouer à la guitare sèche et de s'adonner à la beauté des arpèges.» De nombreux cas similaires sont vécus dans toutes les localités qui abritent des centres culturels où des associations activent tant bien que mal sans moyens ou avec des moyens dérisoires. A Azazga, une ville de la wilaya qui fait partie des grandes daïras à ériger en wilaya déléguée, le centre culturel est encore en chantier après son lancement il y a plusieurs années. Les quelques associations activant dans la région se rabattent sur l'ex-église pour leurs différentes activités et il est tout naturel que la formation et l'apprentissage ne sont pas leurs activités privilégiées. Surtout que l'Ecole régionale des beaux-arts (ERBA) se trouve sur le territoire de cette ville et qu'elle reste inaccessible aux enfants et à la majorité des jeunes, l'établissement exigeant naturellement des conditions d'accès. «C'est normal que l'accès à l'ERBA soit limité, mais qu'attendent les autorités pour achever les travaux de réalisation du centre culturel qui perdurent depuis une dizaine d'années ?» vocifère Ghiles, un juriste de formation qui exerce en tant que commerçant au centre-ville d'Azazga. Pour lui, des centaines d'enfants et de jeunes de la région sont privés d'initiation, notamment aux instruments de musique et au théâtre. Et pour évoquer l'activité théâtrale, l'équipe qui dirige actuellement le Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou a mis en place un programme de formation théâtrale au profit des animateurs associatifs de la wilaya de Tizi Ouzou. Un programme qui ne peut profiter à tous les animateurs, puisque ses initiateurs privilégient la qualité qui nécessite un nombre réduit d'apprenants. Selon l'un des membres de la direction de cet établissement, «une formation des formateurs est sérieusement envisagée pour que cela devienne l'axe central de l'activité culturelle dans la wilaya de Tizi Ouzou». Cette formation et les quelques autres qui sont dispensées, même de qualité inférieure, seront d'une grande utilité si les autorités publiques se décident à réaliser des infrastructures culturelles afin de répondre aux besoins exprimés en matière d'activités culturelles et artistiques ainsi que d'apprentissage et de formation. Pour la simple raison que le manque d'infrastructures culturelles n'aide pas à la promotion de la culture et à la formation des artistes et autres hommes de culture.