Pour la première fois depuis près de deux décennies, la récole céréalière de l'Algérie a atteint un record historique de près de 6,2 millions de tonnes, toutes filières confondues. Une prouesse réjouissante et rassurante en ce début de rentrée sociale et qui contraste avec le marasme caractérisant depuis longtemps certains secteurs de production, à l'instar de celui de l'industrie. Ce niveau de production ne devrait pas faire occulter les contraintes qui empêchent de réduire encore plus la facture de l'importation des produits alimentaires et de rapprocher le pays de l'idéal d'une sécurité alimentaire assurée. Et le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, savait ce qu'il disait en faisant ce commentaire lors de l'une de ses visites sur le terrain : «J'ai peur de vous dire que vous avez fait un excellent travail au risque que vous baissiez de rendement !» avait-il déclaré aux agriculteurs. Cela est d'autant plus vrai que les Algériens sont parfois habitués à un rythme de travail assez irrégulier, la productivité intense cédant souvent le pas à un relâchement qu'accentuent les conditions climatiques instables et imprévisibles dont dépend étroitement le secteur agricole. N'en déplaise à ceux qui voudraient crier victoire, le record réalisé reste relatif si l'on considère que la filière du blé tendre est à peine de 1 138 823 q contre 2 430 714 q pour le blé dur et 2 406 224 q pour l'orge. Soit une récole plutôt disproportionnée quand on connaît les besoins du pays en matière de blé tendre. Ce qui suppose des efforts soutenus et continus en vue d'atteindre une meilleure performance. Les statistiques indiquées plus haut démontrent par ailleurs que tout effort est payant et que la bonne gestion des ressources humaines et matérielles n'est pas chose impossible en Algérie. Le record atteint nous démontre par ailleurs que le secteur agricole peut être, à long terme et avec la volonté nécessaire, complémentaire, à défaut de se substituer à celui des hydrocarbures dont les recettes dopent quasi exclusivement notre économie. Il en est de même pour le secteur touristique dont s'oxygènent les économies de nos voisins tout proches, le Maroc et la Tunisie, alors que les potentialités naturelles de notre pays sont de loin plus importantes que les leurs. En dépit de cela, le tourisme peine à reprendre ses lettres de noblesse en Algérie et les différentes stratégies mises en place par les ministres qui se sont succédé à la tête de ce secteur sensible n'ont jamais réussi à lui donner un coup d'accélérateur. Pis, un ministre n'a pas le temps de mener à terme le plan d'action qu'il trace au début de son installation qu'il est appelé à d'autres fonctions. Et parce que la continuité est loin d'être une vertu politique et un mode de gestion au sein du gouvernement, celui qui lui succède à son poste efface tout et recommence. Du coup, on se retrouve à faire un pas en avant et deux pas en arrière. Et, entre-temps, nos voisins avancent à pas de géant et creusent à chaque pas de plus l'écart qui nous sépare dans ce domaine. Si bien qu'il est devenu nécessaire pour l'Algérie de trouver de nouvelles formules pour émerger, comme le développement du tourisme saharien, tant le retard à rattraper est immense. M. C.