Le secteur des transports dans notre pays vit dans une totale anarchie et les transporteurs se débattent dans d'inextricables difficultés. C'est ce qui ressort de la conférence de presse tenue conjointement hier par trois confédérations travaillant sous la coupe de l'Union nationale des artisans et des commerçants algériens (UGCAA), en l'occurrence la Fédération nationale des chauffeurs de taxi, la Confédération nationale des transporteurs ainsi que la Fédération nationale des auto-écoles. Lors de leurs interventions, les présidents des fédérations citées ont été unanimes pour affirmer que le ministère des Transports ne joue pas le jeu, faisant mine de prendre note de leurs doléances mais sans s'impliquer réellement pour changer le cours des choses. Les responsables des fédérations citées étaient unanimes pour dire que, si les prémices d'un changement n'apparaissent pas, ils se verraient obligés de recourir aux moyens qu'ils estiment à même de les faire entendre, sans pour cela, tiendront-ils à préciser, dépasser le cadre réglementaire que la loi a clairement délimité. Se voulant plus explicites, les 3 intervenants indiquent que, dans l'état actuel des choses, le recours à la grève s'avère inéluctable. A la lumière des différentes interventions, il apparaît fort probable que la grève aura lieu après le congrès national de l'UGCAA prévu pour le 18 novembre prochain. Intervenant en premier, M. Aït Braham, président de la Fédération nationale des chauffeurs de taxi, indiquera que la situation a atteint un tel degré de déliquescence que la surenchère en matière d'acquisition de licence de taxi a atteint des seuils inimaginables. «A Alger, vous pouvez avoir votre licence pour mille dinars alors qu'à Mostaganem, il vous faut débourser dix fois plus que cette somme pour l'avoir», soulignera-t-il. Pour sa part, M. Aoudia, président de la Fédération nationale des auto- écoles, réfutera l'idée selon laquelle le nombre élevé d'accidents serait dû au manque de rigueur de la part des auto-écoles. Selon le conférencier, ces dernières travaillent le plus souvent avec des moyens rudimentaires aussi bien du point de vue humain que matériel. «Nos établissements font face à un très grand flux de candidats. Mais l'encadrement, surtout en matière d'examinateurs, fait défaut. Nous avons attiré l'attention de la tutelle sur cette question précise, ainsi que sur d'autres, à l'image de la sécurité sur les circuits de conduite (de nombreuses candidates ont été agressées) mais en vain», soulignera-t-il. Au sujet des accidents de la route et tout en rappelant que l'Algérie occupe la quatrième place au niveau mondial (et la première au niveau africain et arabe, ndlr) en matière d'accidents, l'intervenant se félicitera que la tutelle ait enfin compris que le seul moyen d'en diminuer l'étendue résidait dans le durcissement des sanctions. «Rares sont ceux qui savent que nous avons fait cette proposition il y a 3 ans», fera-t-il remarquer, ajoutant qu'il ne se faisait pas trop d'illusions au sujet de l'instauration du permis à points, «sauf si ce dernier s'applique à tout le monde et sans distinction aucune», ajoutera-t-il. De son côté, M. Boucherit, président de la Fédération nationale des transports des voyageurs et des marchandises insistera sur le fait qu'avant de songer à l'attribution de lignes supplémentaires, il y avait lieu d'assainir la situation. «L'anarchie est à son comble. En guise de préalable, il est plus que vital de mettre en place un plan de transport et de circulation. L'augmentation de lignes de transport ne peut qu'exacerber la situation actuelle», tiendra-t-il à souligner, affirmant que n'étaient quelques parties «qui nous mettent des bâtons dans les roues [allusion à l'UGTA], cela fait bien longtemps que nous aurions entamé une grève». Ainsi, rien ne semble aller dans un secteur aussi vital que celui des transports. Tout compte fait, c'est le citoyen qui devra prendre son mal en patience. B. L.