Les chefs de la majorité et de l'opposition libanaises entamaient un dialogue délicat à huis clos hier à Doha pour tenter d'extirper le Liban d'une grave crise qui avait dégénéré la semaine dernière en une vague de violence meurtrière. Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al Thani, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, étaient présents au début de cette réunion, dans un grand hôtel de Doha. Cette réunion fait suite à l'ouverture solennelle vendredi soir par l'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, de la conférence interlibanaise appelée à concrétiser le scénario d'une sortie de crise au Liban, négocié in extremis la veille par la Ligue arabe. A la suite de violences qui ont fait en une semaine 65 morts et 200 blessés, la majorité anti-syrienne, soutenue par l'Occident et l'opposition, conduite par le Hezbollah, ont accepté de renouer le dialogue dans le but de régler une crise politique qui sévit depuis novembre 2006. Aux termes d'un accord en six points qu'ils ont accepté, les protagonistes devaient négocier à Doha la formation d'un gouvernement d'union nationale et une loi électorale préalable aux élections générales de 2009. La majorité, qui a tenu dans la nuit une réunion de coordination, souhaitait soulever hier «la question du rétablissement de la confiance» entre les différentes factions libanaises en rapport avec l'armement du Hezbollah, a dit le député Boutros Harb, membre de la majorité, peu avant la réunion. «Il faut parvenir à Doha à des résultats rapides sur le gouvernement d'union nationale, la loi électorale et un engagement à ne plus utiliser les armes contre les Libanais. Il faut un arrangement sur ces trois points», a-t-il encore proclamé. Mais une source au sein de l'opposition a estimé que la question des armes du Hezbollah devrait être évoquée ltérieurement, se disant «pessimiste» sur une percée à Doha si la majorité exigeait d'en parler dès à présent. Signe de ces difficultés, l'émir du Qatar a «fait la navette» vendredi soir entre les camps rivaux, rapportait hier An Nahar. Le quotidien libanais pro-gouvernemental évoquait en «une» les trois points du «dialogue : le gouvernement, la loi électorale et les armes». La majorité anti-syrienne réclamait préalablement à toute discussion un «engagement solennel» du Hezbollah à ne plus utiliser ses armes contre les Libanais, alors que le parti chiite refuse d'aborder la question de son armement avant la formation d'un gouvernement d'union nationale. Le Hezbollah n'a pas remis ses armes au gouvernement après l'accord de réconciliation de Taëf (Arabie saoudite) en 1989, pour poursuivre la lutte contre l'occupation israélienne du Liban-Sud. «Nous n'allons plus jamais accepter la présence du Hezbollah telle quelle», a averti le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, membre de la majorité, vendredi sur la chaîne de télévision qatarie Al Jazira. Washington a appuyé la tenue de la conférence de Doha. Les récentes violences, les plus graves au Liban depuis la guerre civile (1975-90), avaient débuté à la suite de l'annonce le 6 mai par le gouvernement de deux mesures visant à lutter contre l'influence du Hezbollah. Elles ont été retirées depuis. Agences