La médiation arabe a donné hier un jour de plus à l'opposition libanaise, menée par le Hezbollah, pour choisir entre deux propositions de sortie de crise, ou assumer la responsabilité de l'échec d'une conférence de réconciliation nationale. Face au blocage des discussions qui se sont ouvertes vendredi à Doha, le comité arabe conduit par le Qatar a ainsi fixé un ultimatum aux opposants libanais qui ont déjà rejeté l'une de ses propositions consistant à reporter la question controversée d'une loi électorale jusqu'après l'élection d'un président de la République. La majorité est appuyée par les pays occidentaux et l'Arabie saoudite, très inquiète devant la montée de l'influence iranienne dans la région. Le numéro deux de la diplomatie du Qatar s'est exprimé en lieu et place du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al Thani. Il a indiqué que la Ligue arabe avait avancé deux propositions et que la partie libanaise concernée devait choisir l'une d'elles, sans préciser la teneur de ces propositions. Ce responsable a conclu en annonçant que l'horaire d'une conférence de presse aujourd'hui du Premier ministre du Qatar, qui doit «annoncer les résultats de la conférence», serait communiqué en soirée. Dans la nuit de lundi à mardi, les médiateurs arabes ont rencontré séparément des représentants des deux camps pour tenter de rapprocher les points de vue, selon une source proche de la conférence. Les médiateurs ont tout fait pour inciter les deux parties à conclure un accord dès que possible : l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, devait ainsi se rendre en Arabie saoudite pour un sommet régional alors que Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, a fait savoir qu'il comptait quitter le pays le même jour. Le dialogue engagé à Doha, obtenu par la Ligue arabe grâce à une médiation du Qatar, a pour but d'extirper le Liban d'une crise de 18 mois qui empêche l'élection d'un nouveau chef de l'Etat. La crise a dégénéré le 7 mai en affrontements qui ont fait 65 morts en une semaine et ont permis au Hezbollah de contrôler momentanément une bonne partie de Beyrouth-ouest, bastion de la majorité. Les médiateurs qataris ont proposé un gouvernement d'union nationale de 30 ministres : 13 pour la majorité, 10 pour l'opposition et 7 à choisir par le président élu, une répartition rejetée dans le passé par l'opposition, qui exige plus du tiers des postes afin d'avoir une minorité de blocage. Les deux camps divergent également sur un nouveau découpage électoral, chacun craignant de perdre des sièges lors des législatives de 2009 en raison de la modification de la composition démographique des circonscriptions. Le Qatar suggérait d'inclure dans le communiqué final une clause sur des garanties contre tout usage des armes à des fins politiques internes. Une controverse sur la question de l'armement de la résistance détenu par le Hezbollah a failli remettre en cause la conférence, lorsque des ténors de la majorité ont exigé samedi de débattre de cette question. Le Qatar a désamorcé la tension en promettant un compromis, mais le Hezbollah a exclu tout débat sur son armement. Agences