Doha a proposé de surseoir à une décision concernant la loi électorale et de procéder à l'élection directe du chef de l'armée, Michel Sleimane. Les protagonistes de la crise libanaise, réunis à Doha, ont poursuivi, hier, leurs difficiles tractations au lendemain d'une proposition des médiateurs qataris prévoyant l'élection immédiate d'un président de la République et la formation d'un gouvernement d'union nationale. La proposition qatarie est intervenue au deuxième jour des discussions, menées en coulisses à Doha dans l'espoir de résoudre la crise au Liban, qui a dégénéré en violences meurtrières et conduit au contrôle de quartiers de Beyrouth par la milice du Hezbollah chiite. Même si aucun calendrier dans les discussions entre chefs de la majorité et de l'opposition n'a filtré, un délégué a indiqué que lundi ´´pourrait être une journée décisive´´. La proposition qatarie prévoit de surseoir à une décision concernant la loi électorale et de procéder directement à l'élection du chef de l'armée libanaise, Michel Sleimane, un homme de consensus, à la présidence. La tentative de compromis est le fruit des entretiens que l'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, a eu dimanche avec les principaux chefs rivaux libanais. Les médiateurs qataris ont également proposé de former un gouvernement d'union nationale de 30 ministres: 13 pour la majorité, 10 pour l'opposition et 7 à choisir par le président élu. Une telle répartition des postes avait été rejetée dans le passé par l'opposition, emmenée par le Hezbollah, qui exige plus du tiers des postes. Selon un délégué chrétien de l'opposition, cette dernière refuse, par ailleurs, de reporter le débat sur la loi électorale. ´´Nous sommes venus ici avec un ordre du jour destiné à parvenir à un accord sur le gouvernement d'union nationale, la loi électorale et l'élection d'un président´´, a déclaré ce délégué, membre du Mouvement patriotique libre (MPL) de Michel Aoun. Les deux camps divergent sur un nouveau découpage électoral, chaque partie craignant de perdre des sièges lors des élections législatives de 2009 en modifiant la composition démographique des circonscriptions. La proposition qatarie suggérait aussi d'inclure dans le communiqué final de la conférence de Doha une clause sur des garanties contre tout usage des armes à des fins politiques internes. Une controverse sur la question de l'armement du Hezbollah a failli remettre en cause la poursuite de la conférence, lorsque des ténors de la majorité ont exigé, samedi, de débattre de cette question. Le Qatar a désamorcé la tension en promettant un compromis, bien que le Hezbollah a exclu tout débat sur son armement. ´´La question de la résistance, de ses armes et de ses capacités n'a pas à être discutée´´, a déclaré le chef de la délégation du Hezbollah, Mohamed Raâd. «Si la question des armes n'est pas spécialement évoquée lors des discussions à Doha, rien n'aura été fait», a répliqué le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ahmed Fatfat. Le Hezbollah est le seul groupe libanais à ne pas avoir désarmé après les accords de Taëf (Arabie Saoudite) de 1989, qui avaient permis de mettre fin à la guerre civile (1975-1990), pour poursuivre la lutte contre Israël. A la suite des violences qui ont fait 65 morts en une semaine, majorité et opposition avaient accepté jeudi d'entamer un dialogue à Doha. Ce dialogue, arraché par la Ligue arabe grâce à une médiation du Qatar, a pour but d'extirper le Liban d'une crise vieille de 18 mois. La séance du Parlement chargée de l'élection du président a été reportée à 19 reprises, exacerbant davantage cette crise, qui a éclaté fin 2006 au moment de la démission des six ministres chiites du gouvernement de Fouad Siniora. Le Parlement est convoqué pour la 20e fois, le 10 juin.