De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les espaces verts constituent, parfois, le cordon ombilical par lequel le citoyen entretient avec autrui des échanges culturels, économiques et, par là, la frustration et la solitude se dissipent à la faveur de trouvailles parfois fructueuses. Des rapports sociaux naissent, souvent, dans ces lieux de détente et de relaxe. Le banc public ou a fortiori le lopin de gazon joue le rôle de ce lien amical. Cependant, il faut garantir cette ambiance au risque de renfermer davantage la société dans un microcosme singulier. A l'heure actuelle, le traitement des problématiques des espaces verts est repensé dans son contexte purement environnemental en rapport avec le chamboulement climatique. «Il faut préserver l'environnement», s'alarme-t-on du côté des officiels. C'est la question de l'urgence de fait mais, au passage, il faut dire qu'on a tronqué une partie de la nature de ses racines, car, la pseudo préservation des villes et des cités à laquelle on assiste se caractérise par un nettoyage de fond mais sans accorder d'importance à la verdure à l'intérieur des nouvelles cités. Pourtant, la tutelle a couché d'une large directive 07/06 du 13 mai 2007 relative à la gestion, à la protection et au développement des espaces verts. Bien qu'entrée en vigueur à Constantine depuis une année, la circulaire connaît une application timide. Il fallait au départ opter pour une classification de tous les espaces. Autrement dit, élaborer une nomenclature dans laquelle est caractérisée la nature des espaces (physique, écologique…). La direction de l'environnement qui chapeaute le sujet a adressé une correspondance aux différentes municipalités de la circonscription afin qu'elles appliquent l'édit sous peine de sanction administrative. En matière des espaces verts, Constantine regroupe un parc urbain et périurbain à prédominance «jardins publics». Mais cela est loin de répondre aux attentes du cadre de vie du citoyen faute d'une prise en charge effective des services concernés. «Je pense qu'il est grand temps pour songer à la cession, du moins de la gestion des jardins publics, à des opérateurs privés. Les communes semblent être dépassées», lâche un cadre local. En effet, c'est par-dessus tout le talon d'Achille de l'aménagement des cités constantinoises si l'on exceptait quelques endroits ou les élus. A part l'action relative au reboisement annuel coïncidant avec la date de la Journée nationale de l'arbre, qui a vu ces derniers jours 1 000 arbres plantés au niveau de la retenue collinaire d'Ibn Ziad, et 50 autres dans la commune du Khroub en collaboration avec la Conservation des forêts, ou encore les initiatives des services d'assainissement et d'environnement des municipalités qui livrent des «arbrisseaux» aux soucieux de la nature, la contribution en la matière demeure faible. Constantine cherche désespérément son gazon ! Il n'en manque pas, mais il a purement été terrassé par la machine de l'homme sous les yeux des responsables. En effet, le béton vient casser la nature et squatter places, squares, jardins publics. Un phénomène qui s'est même élargi aux forêts. Pour ce dernier cas, on exhume djebel El Ouahch. Ce don divin a été malheureusement malmené sans que la sentence ne vienne concrètement «corriger» les constructeurs illicites à l'intérieur de cette forêt aux vertus climatiques incontestables dès lors que des équipes s'y oxygènent régulièrement. Aux dernières nouvelles, le parc de djebel El Ouahch pourrait rendre service à la population d'ici l'été prochain. Il refait sa toilette après avoir changé de locataire. Les services des domaines de la wilaya l'ont cédé à un privé pour un montant de 121 millions de centimes par an sur 9 années conformément à un contrat en bonne et due forme. Un autre espace vert qui mérite d'être mentionné se situe à El Merridj. En dépit de sa clarté «verdoyante», ce lieu manque de moyens pour abriter ses visiteurs. Si, depuis ses hauteurs, on peut apercevoir le tronçon de l'autoroute Est-Ouest qui se profile sans grande atteinte à son assiette, il est, cependant, impératif de songer à délimiter d'ores et déjà ses contours destinés aux constructions pour lui éviter «une éventuelle bétonisation». Ainsi, faudra-t-il stopper toute attitude contraire à la nuisance du vert. La wilaya, qui s'enorgueillit de la préservation de ces espaces naturels et qui s'et vu attribuer une médaille de mérite en la matière, devrait doubler de vigilance, voire d'efforts pour veiller au grain. Il y a des jardins datant de la période coloniale qui demeurent debout, mais ce n'est pas le cas pour les nouvelles structures. Pour cela, l'exemple éloquent est la place Kerkeri, l'ancienne station de bus reconvertie en esplanade publique. C'est toujours le béton qui domine ainsi que la construction de kiosques en dur qui confirment l'aspect beaucoup plus commercial que celui de loisir. La notion d'espaces verts demeure une écriture gravée dans les édits. Peut-être dans l'avenir, le site du Bardo servira-t-il d'exemple majeur…