De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La seule culture dont bénéficient les zones enclavées reste l'approvisionnement des bibliothèques en ouvrages. Il suffirait donc aux initiateurs de cette option de faire le plein de ces lieux de lecture pour que naissent des fleurons culturels. Que nenni ! Ce geste initié par la tutelle au terme de la manifestation «Alger capitale de la culture arabe 2007» et appliqué à la lettre par les responsables locaux reste orphelin pour absence d'un véhicule fort important, celui incitant les populations locales à puiser dans les salles. Les promoteurs de la culture sans calcul font cruellement défaut, car jusqu'à preuve du contraire, la commune de Constantine souffre à asseoir une politique de transmission renouvelable. Quoique le chef-lieu bénéficie de toutes les chaînes de transmission, y compris les moyens colossaux. D'où une simple logique de la mauvaise collectivisation de l'aspect culturel dans les douze communes de la wilaya. Elles vivent le désert culturel alors qu'elles renferment, à l'image du centre, des potentialités certaines. Il suffit de les mettre en valeur. Un simple coup de starter stimulant enclenche l'éveil municipal. En ce temps de mondialisation, il n'est pas toléré de focaliser les évènements rien que dans la circonscription centrale. Cela interpelle les lettrés de chaque commune à défendre leur existence en la matière jusqu'à l'obtention, voire le balisage de leur créativité. Constantine détient un fonds culturel important. Néanmoins, il demeure exploité en circuit fermé et conjoncturel de surcroit. Ce qui laisse encore les zones limitrophes arides, les manifestations localisés dans ce pseudo centre. L'idée de dégager un comité de culture œuvrant dans chaque municipalité a été applaudie par les élus de l'assemblée de wilaya. Une réflexion éteinte dans le brouhaha de la grande salle ! Depuis, rien n'a été officialisé. Des luttes sur la prise en main du poste de régulateur seraient à l'origine de ce retard. En outre, le lieu où résidera ce futur «néo-office» appelé à propager la culture reste inconnu. On n'en saura pas plus de la part des responsables culturels locaux. En fait, le nouvel organisme conforterait le présent comité affilié à l'hôtel de ville lequel, actuellement, ne faisant que ponctuer les dates commémoratives sans grande initiative à la promotion de la culture au-delà des éphémérides. Toutefois, il serait injuste de faire endosser la seule responsabilité de ce bricolage à l'APC alors qu'il existe une direction de la culture couvrant toute la wilaya, du moins par la décision. Activant sous le menu de la tutelle avec quelques essais timides, les responsables de cette structure n'arrivent toujours pas à apporter d'une touche originale susceptible de donner goût à l'invention et à la créativité dans les autres municipalités. Le chef-lieu se veut maître à bord mais sans jouer vraiment son rôle de transmission qui ferait profiter toute la circonscription. On couve la culture ! Cette particularité enpêche autant d'initiateurs et autres mécènes de s'exprimer. Ce sont les mêmes acteurs qui reviennent à chaque nouvelle édition, non pas pour apporter d'autres perspectives, bien au contraire, c'est pour pérenniser leur trône souvent mis en cause par des lettrés, en marge et qui ont compris l'opportunisme culturel occasionnel. Il y a au moins deux exemples à ce phénomène. Primo : quel impact aura eu le dernier salon du livre organisé dernièrement au palais de la culture El Khalifa ? Sans thème précis et avec un nombre d'éditeurs fort réduit -puisque les maisons d'édition connues à l'échelle nationale étaient absentes-, si l'on exceptait la participation de l'ENAG, la kermesse du livre s'est déroulée dans l'anonymat. On sollicite une boîte privée, on loue des stands, et les responsables locaux croient par cette transaction maquillée par l'affichage des banderoles faire une manifestation d'envergure. Encore un ratage «conceptuel» à faire cumuler aux deux premières éditions organisées à la zone industrielle. Secundo : la défection ne sera pas rattrapée par l'hommage rendu à Malek Haddad ces 1er et 2 juin, marquant le 31e anniversaire de sa disparition. Peu de monde s'est rendu au TRC pour exhumer les textes impérissables de l'écrivain. Organisé à l'initiative de la direction de la culture, la rencontre est passée «en sourdine», les organisateurs n'ayant pas élargi leur conception communicationnelle. L'hommage lui a été rendu dans discrétion…sans faire participer les personnes qui ont vraiment côtoyé le «journaliste- écrivain», membre fondateur du 16 Avril (Youm el Ilm). Des témoignages vivants auraient apporté leur zest littéraire à l'auteur de l'Elève et la Leçon. Une deuxième édition qui appelle à l'avenir une préparation adéquate. Pour réhabiliter le poète sans lui occulter son talent, souvent évoqué par le contemporain, Yasmina Khadra. En conclusion, la socialisation de la culture exclut les états d'âme. Elle revendique simplement une âme universelle dénuée de poudre aux yeux… pour éviter ce décalage entre la ville et ses zones limitrophes.