Le travailleur passe plus de temps sur son lieu de travail que chez lui et y noue des relations plus ou moins harmonieuses dans son entourage professionnel, tant et si bien que ce milieu fait office de seconde famille. Comme dans son existence extraprofessionnelle, il peut y contracter une maladie. Mais celle-ci est généralement liée aux conditions dans lesquelles le travailleur exerce les tâches qui lui incombent. Les conséquences peuvent être lourdes, alors que les maladies professionnelles pourraient être évitées si les employeurs prenaient un minimum de précautions, notamment en sollicitant les orientations de la médecine du travail. C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'il existe des termes qui définissent le contexte d'une éventuelle intervention des médecins du travail, à travers une convention devant lier l'organisme employeur et le secteur sanitaire ou le médecin habilité. Mais ce qui est une obligation en vertu de la loi n° 88-07 du 26 janvier 1988 n'est pratiquement pas respecté. L'article 3 stipule que «l'organisme employeur est tenu d'assurer l'hygiène et la sécurité aux travailleurs» tandis que les conditions de travail sont définies dans l'article 4 qui précise que «les locaux affectés aux travail, les emplacements de travail et leurs environnements, leurs dépendances et leurs annexes, y compris les installations de toute nature mises à la disposition des travailleurs, doivent être tenus dans un état constant de propreté et présenter les conditions d'hygiène et de salubrité nécessaires à la santé des travailleurs». Il est également édicté dans le même article 4 que «l'ambiance de travail devra répondre aux conditions de confort et d'hygiène, notamment de cubage, d'aération, de ventilation, d'éclairage, d'ensoleillement, de chauffage, de protection contre les poussières et autres nuisances et d'évacuation des eaux usées et déchets. […]». Une batterie de mesures (entre décrets exécutifs et arrêtés interministériels) ont été prises dans le même sillage, sans trop de résultats. En vertu de la loi sus-citée et des textes qui ont suivi, des visites doivent être effectuées dans les entreprises par des médecins du travail pour constater la conformité ou non des lieux et des équipements et les travailleurs doivent subir régulièrement des examens médicaux. Les conseils et les orientations de ces médecins doivent susciter des changements allant dans le sens de l'amélioration des conditions de travail des employés. C'est rarement le cas, l'investissement dans les ressources humaines n'étant pas toujours le souci des employeurs. Les entreprises gagneraient pourtant à développer le facteur humain pour leur propre développement. Ignorant leurs droits ou par peur de représailles, les travailleurs occultent cet aspect dans leur parcours professionnel. Beaucoup finissent par être affectés par une maladie professionnelle, leur nombre n'est pas connu en l'absence de chiffres exhaustifs. R. M.