Le 14e SILA ferme ses portes après les journées de frénésie livresque rarement vécue dans les annales de cette manifestation qui atteint l'âge adulte après avoir changé de statut, de tutelle et être passée sous la responsabilité d'un commissaire qui est autre que le p-dg des éditions Casbah. La presse écrite a longuement analysé le SILA nouvelle version, dans un nouveau site superbe, aéré et où aucun automobiliste n'a plus à choisir entre laisser son véhicule au bord de l'autoroute ou repartir chez lui. Tantôt moqué parce qu'il allait se tenir sous une kheïma, tantôt sous un chapiteau (sic !), le dernier SILA a attiré un nombre incroyable de visiteurs acheteurs à l'intérieur d'une structure moderne, malléable, comme dans de nombreux pays modernes. N'a-t-on pas ironisé au début sur l'architecture du centre Pompidou et sur la Pyramide du Louvre ? Le conservatisme bigot n'est pas propre aux microcosmes algérois ! «Le roi livre», l'accroche du SILA a pleinement été confirmée non par les organisateurs ou leurs amis, mais exclusivement par un engouement populaire sans précédent, dans un calme et une ambiance bon enfant qui forcent le respect devant des foules composites, parfaitement représentatives de la société algérienne dans sa diversité bariolée, contradictoire, parfois violente, mais finalement prête à des cohabitations qui apparaissent improbables, sinon impossibles, mais sont tenables. Parmi les pratiques culturelles, la peinture et la littérature ont été souvent décrites comme difficiles, complexes, hermétiques et réservées à des élites hautaines, elles-mêmes situées sur des «hauteurs». Cependant, l'histoire et les évolutions historiques de la peinture et du texte écrit, qui peut être lu ou chanté, ont dévoilé et imposé leur cachet populaire, en élargissant leurs audiences par cercles concentriques à l'infini. On peut faire aimer les arts et les textes dès la crèche. Et là, on quitte le SILA qui est un réceptacle, une vitrine gigantesque, pour aller vers de nécessaires politiques publiques pour la culture. Si le livre, censé être difficile attire des milliers et des milliers d'individus, que ferait le cinéma, si séducteur et séduisant avec des milliers de salles en Algérie ? Des écrivains, des éditeurs, des poètes sont venus de loin, de plusieurs pays et ont dit leur satisfaction devant la version 2009 du SILA. Il suffisait de leur demander, en feuilletant, juste pour un instant, les microcosmes locaux totalement inconnus pour ces milliers de femmes, d'hommes et de jeunes venus rendre hommage au Roi du livre. Les affaires ? Elle ont bien marché pour tous les courants de l'édition algérienne et pour les étrangers ravis par les procédures de la douane, présente, juste à côté. Cette institution est partie prenante dans chaque salon au monde. Comment a-t-elle fonctionné puisque dans ce contexte, elle jouait un rôle au service du livre aussi ? Il fallait juste s'informer. Mais il y avait aussi des rencontres algéro-algériennes. Des intellectuels, des écrivains, des sociologues, des historiens des deux côtés de la mer Méditerranée ont échangé des rêves, des nostalgies et même des rêveries sur tous les secteurs de la culture nationale. Ces moments du SILA ont aussi contribué à sa réussite, au-delà des critiques longuement dites dans la presse algérienne, et qu'il faut énoncer pour que chacun corrige le tir et son regard. Bien entendu, chaque acteur (officiel - éditeur - journal…) fera son bilan. Il faut juste faire en sorte pour que le prochain SILA soit meilleur que celui de 2009. A. B.