Photo : Riad Par Karima Mokrani «Tout Alger est en grève.» C'est la réponse d'un agent de sécurité d'un établissement du secondaire, dans la commune de Hussein Dey à Alger, à deux parents d'élèves l'ayant interpellé, hier, sur les raisons du boycott des cours par certains enseignants. L'homme dit vrai… ou presque. Car, si l'on en juge par le nombre grandissant d'enfants renvoyés chez eux, sous la pluie et le froid, le nombre important de classes restées vides depuis le matin… et les enseignants regroupés dans les cours des établissements pour parler «grève», «protestation», «solidarité», l'on ne pourrait s'empêcher de dire que le mouvement gagne du terrain. Les enseignants se mobilisent, se solidarisent. Les syndicats s'organisent, élargissent leur cercle d'intervention. Le mouvement est en train de réussir… au risque de mettre en danger l'avenir des enfants et des adolescents. C'est selon ! «L'établissement est paralysé à 100%», affirme, satisfaite, une enseignante du lycée «Aïcha Oum El Mouminine», un établissement connu pour son sérieux et sa discipline : «Ce n'est pas une question de sérieux ou de discipline. Les enseignants en ont marre. Nous ne faisons que revendiquer nos droits», poursuit notre interlocutrice. Et cette dernière de signaler qu'un des syndicats à l'origine du mouvement, en l'occurrence le CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) est sur le point de mettre en place une section syndicale dans le lycée. «C'est demain qu'ils vont se réunir pour élire les membres du bureau», rapporte la jeune femme. Une adhésion massive au mouvement a également été constatée au niveau des lycées «Thaalibia» et «Bourkine» et des CEM de la même commune. La situation ne diffère pas à Kouba où enfants, adolescents et simples citoyens ne parlent que de cette grève qui risque de durer dans le temps. «C'est une grève générale. Elle concerne tous les lycées du pays» dit naïvement une jeune fille du lycée «Hassiba Ben Bouali». A Belouizdad, le lycée «Ibn El Haïtham» est aussi fortement perturbé par le mouvement. De même que le CEM «Takfarinas» et quelques établissements du primaire. Même constat au lycée «Emir Abdelkader» et au CEM «Soummam» de Bab El Oued. Dans les autres wilayas du pays, nos correspondants abondent dans le même sens et confirment l'adhésion massive au mouvement. Selon les rapports transmis à la rédaction, le mouvement de grève a été largement suivi à Constantine, particulièrement dans le primaire et le moyen. «On poursuit le gel des cours avec la ferme intention de faire valoir nos revendications» a soutenu un syndicaliste, annonçant un taux de suivi de 82% dans les trois paliers. A Annaba, mis à part les contractuels et les suppléants qui ont dispensé les cours, tous les enseignants titulaires étaient hier en grève. A Tlemcen, notre correspondant a rapporté un taux de 80%. A Aïn Defla, la situation était identique à celle de la veille (dimanche). A Bouira, notre correspondant parle de paralysie des établissements scolaires. Le CNAPEST, qui contrôle les lycées, avance un taux de suivi de 95%, alors que l'UNPEF revendique un taux de 89%. Le taux avancé par l'académie est de 34%. A Oran, le CNAPEST avance un taux de suivi de 80% et l'académie 10% au primaire, 20% au moyen et 30% au secondaire. La grève s'annonce très dure et les conséquences très lourdes sur les élèves. Les responsables du ministère doivent faire vite d'agir de façon à trouver un terrain d'entente avec les organisations syndicales. Leurs menaces de recourir à de nouvelles ponctions sur salaires pour dissuader les manifestants de poursuivre le mouvement risquent de donner l'effet contraire. A titre de rappel, les organisations initiatrices de mouvement de grève, des organisations rompues à la lutte syndicale, sont le CLA (Conseil des lycées d'Algérie), le CNAPEST, le SNAPEST (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique), le SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation) et l'UNPEF (Union nationale des professeurs de l'éducation et de la formation).