Photo : Riad Par Karima Mokrani Le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST) maintient sa menace de grève d'une semaine reconductible à partir de demain. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) lui emboîte le pas pour une autre grève -une même grève devrions-nous dire- d'une semaine renouvelable à partir du 21 février. D'autres syndicats comptent prendre le train en marche mais n'ont pas encore fixé de date. Une chose est sûre, les syndicats sont en colère. Ils accusent le ministre de ne pas tenir ses promesses concernant notamment le régime indemnitaire (avec effet rétroactif à partir de janvier 2008) et se mobilisent alors, chacun à sa manière, pour faire valoir leurs droits. Ils avaient abandonné une grève qualifiée d'historique, le mois de novembre dernier, au moment même où ils allaient imposer de grands changements dans le fonctionnement du secteur de l'Education nationale… mais les voilà revenus, plus acharnés, plus déterminés. Pourtant, dans une longue lettre adressée samedi à la famille éducative, le ministre, Boubekeur Benbouzid, avait assuré de la bonne prise en charge du dossier en question : «Le dossier du régime indemnitaire est en voie de finalisation au niveau du gouvernement. L'effet rétroactif concernera toutes les primes et indemnités, y compris l'indemnité d'expérience professionnelle et pédagogique (IEPP) et l'indemnité d'amélioration des performances pédagogiques (IAPP) depuis janvier 2008». Et le ministre de mettre en garde contre les conséquences d'un nouveau débrayage dans le secteur : «Rien ne peut justifier le recours à une grève supplémentaire qui aura pour conséquence une diminution irrémédiable des capacités des élèves à faire face aux examens annoncés». Les écrits du ministre, repris par tous les journaux, ne semblent pas convaincre les concernés. «Nous avons attendu deux ans et ils nous demandent d'attendre davantage !», lance le porte-parole du SNAPEST, Meziane Meriane, lors d'une conférence de presse tenue hier à Alger. Le représentant du SNAPEST rappelle qu'une rencontre a eu lieu, jeudi 11 février, entre les membres du syndicat et les responsables du ministère : «Il n'y avait rien de concret… Nous leur avons demandé de nous donner la date exacte de finalisation de ce dossier et son application sur le terrain mais ils nous ont donné des réponses vagues. Ils ne nous ont donné aucune date. Ce n'est pourtant pas difficile du moment que le dossier est entre les mains des spécialistes». Interrogé toutefois sur les conséquences éventuelles d'une nouvelle grève sur l'avenir scolaire des enfants, le conférencier dira : «Nous aussi nous avons des enfants. Nous aussi nous sommes pénalisés. Nous n'avons pas d'autre choix que de reprendre la grève». Cependant, pense Meriane, «la pression doit se faire sur le ministre et les représentants du gouvernement, non sur les organisations syndicales». Façon de demander aux parents d'élèves de s'impliquer dans ce nouveau bras de fer mais à côté des enseignants et non du ministre. «Les enseignants sont décidés à en découdre, avec ou sans syndicats», insiste le représentant du SNAPEST qui compte ainsi mobiliser, non seulement les enseignants du secondaire mais tous les fonctionnaires des trois paliers de l'enseignement. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) déterre lui aussi la hache de guerre, lui qui n'a abandonné la lutte du mois de novembre que «forcé», ne pouvant plus poursuivre la grève en solo. Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le CLA affirme sa décision de «mettre fin au gel de la grève et appelle l'ensemble des enseignants et des travailleurs à une forte mobilisation, à partir du 21 février pour une semaine renouvelable jusqu'à la satisfaction de ses revendications légitimes». Le CLA «ne renonce pas à son principe d'unité d'action» et appelle donc à une plateforme de revendications commune et une gestion commune du mouvement. S'achemine-t-on vers une nouvelle unité d'action syndicale dans le secteur de l'Education nationale ? C'est apparemment le cas même si les syndicats ne le déclarent pas clairement. Tout le secteur est en ébullition et ce qui s'est passé en novembre dernier pourrait bien se reproduire si le ministre, Boubekeur Benbouzid, ne prend pas les bonnes décisions. La situation est critique. Et cela n'arrange ni le ministre, ni les enseignants, encore moins les élèves et leurs parents.