Photo : Riad Par Karima Mokrani Les travailleurs de l'éducation nationale ne reculent pas devant les menaces du ministère de tutelle de procéder à des ponctions sur leurs salaires. Encore moins devant la décision de justice qui déclare leur mouvement de grève illégal. «Nous devrions d'abord avoir un salaire pour parler de retenue sur salaire», lance, indigné, un enseignant du secondaire. Et ce dernier de rappeler les nombreuses fois où des militants engagés dans le mouvement syndical ont été traduits devant la justice pour la même cause : appel à la grève. «Nous connaissons ce manège… Chaque fois qu'il y a grève, ils lancent leur machine judiciaire pour casser le mouvement… La justice est devenue une machine à casser les grèves» dit-il. «La grève appartient aux travailleurs, non pas aux dirigeants syndicaux», soutient Salem Sadali du Satef (Syndicat national autonome de l'éducation et de la formation), en réponse à notre question sur le devenir de cette grève après les mises en garde du ministère et le verdict de la justice. Sadali assure que «malgré les tentatives du ministère de diminuer le mouvement, la grève est en train de se propager dans les établissements de l'enseignement secondaire, moyen et primaire et à travers tout le pays. Le représentant du Satef reste convaincu que «ces menaces et ces intimidations ne servent à rien… Les représentants du ministère n'ont qu'à satisfaire les revendications des travailleurs pour arrêter le mouvement. Nous voulons des réponses efficaces. Des résultats palpables». Idir Achour du CLA (Conseil des lycées d'Algérie) se satisfait de l'organisation apparue dans les deux cycles moyen et primaire : «Les menaces du ministère ne font que renforcer le mouvement. Les établissements du secondaire sont complètement paralysés et ceux du primaire et du moyen s'organisent de mieux en mieux pour rejoindre la protestation». Et le représentant du CLA de souligner : «Les travailleurs de l'éducation prennent les choses en main. Ils ont dépassé leur peur. Seule la satisfaction de nos revendications socioprofessionnelles pourra nous décider à renoncer au mouvement». Idir Achour estime toutefois nécessaire de lancer un message aux parents d'élèves qui expriment des inquiétudes : «Nous demandons aux parents d'élèves de ne pas se tromper de cible. La scolarité des enfants et la défense de l'école publique sont aussi nos préoccupations… Les parents d'élèves doivent nous aider à mettre la pression sur le gouvernement pour faire valoir nos droits et les leurs». Saluant la forte mobilisation des enseignants, Meziane Meriane du SNAPEST (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) affirme, de son côté, que «la décision de justice a donné l'effet inverse. Le mouvement de grève se poursuivra jusqu'à la fin de la semaine». Et le représentant du SNAPEST de souligner : «La réussite est due à l'unité de l'action syndicale. L'intérêt du fonctionnaire a toujours primé sur les divergences syndicales quand celles-ci existent». La grève se poursuit donc à un rythme soutenu et risque de durer des jours, des semaines, des mois peut-être.