Photo : Riad Par Karima Mokrani Les travailleurs de l'Education nationale maintiennent la pression. Ils poursuivent leur mouvement de grève dans la sérénité, ignorent les menaces de retenues sur salaires…et bravent la justice. «Quelques soient les menaces et les intimidations, nous ne reculerons pas. Nous sommes décidés à arracher nos droits…Les travailleurs ont dépassé leur peur» lance Idir Achour du CLA (Conseil des lycées d'Algérie) lors d'une conférence de presse tenue hier à Alger. Le représentant du CLA soutient que la grève a été une grande réussite: «la paralysie est presque totale dans le secondaire et le mouvement est en train de se propager dans le moyen et le primaire». Aussi, note-t-il, «il n'y a pas que les enseignants qui sont en grève. D'autres travailleurs du secteur adhèrent massivement à la protestation et dans les trois paliers…Le mouvement se radicalise». «Cette grève est une réussite. C'est la preuve de sa légalité et de la légalité de nos revendications» affirme, de son côté, le porte-parole du CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique), Boudiba Messaoud. Et ce dernier d'exprimer son étonnement suite aux mauvais traitements subis la veille par des enseignants contractuels. «Ils appellent au retour de l'élite qui est à l'étranger, alors que celle qui est encore dans le pays est méprisée»,a-t-il déclaré. Boudiba avertit sur les risques de propagation du mouvement contestataire à tous les secteurs de la fonction publique. «Il n'y a pas d'autres solutions pour éviter le pourrissement de la situation que de répondre favorablement à nos revendications»,a-t-il précisé. Parmi ces revendications,a dit encore le représentant du CLA, il y a l'intégration des contractuels. «L'intersyndicale de la Fonction publique est solidaire avec les enseignants contractuels. Nous demandons leur intégration»,a-t-il poursuivi. Idir Achour n'écarte pas la possibilité de boycotter l'organisation du concours de recrutement en cas de non satisfaction de cette doléance. «Les enseignants en poste ne participeront pas à l'organisation et l'encadrement de ce concours»,a-t-il menaJé. Salem Sadali du SATEF (Syndicat national autonome de l'éducation et de la formation) met en garde contre les risques d'infiltration du mouvement. Il a déclaré à cet effet : «Je demande aux travailleurs grévistes de bien surveiller les syndicalistes. Faites attention aux manipulations si vous suspectez des syndicalistes qui cherchent à nuire au mouvement, dénoncez-les! Mettez les à l'écart!». Pour le représentant du SATEF, «cette grève est une grève historique. C'est la première fois depuis 1962 que les travailleurs de l'éducation se lèvent ensemble pour dire basta! Basta à la gestion anarchique! Basta à la marginalisation de l'enseignant! Basta à la destruction de l'école publique!». Sadali affirme que les menaces de la justice n'entament en rien leur décision à aller au bout de leur mouvement revendicatif. «la justice ne pourra rien faire contre les représentants syndicaux. Ce ne sont pas nous qui avons décrété la grève. Ce sont les travailleurs. 500 000 travailleurs…et ce sont eux qui l'arrêteront le moment opportun. C'est un mouvement qui appartient aux travailleurs, non pas aux organisations syndicales.Tenez bon! Vous pourrez faire bouger des montagnes», a demandé le syndicaliste. L'homme est très confiant quant à l'aboutissement du mouvement,disant: «Les travailleurs sont décidés». Les trois syndicats présents à la rencontre d'hier, ajoutés aux contractuels, lancent un appel aux parents d'élèves: «Nous n'avons pas l'intention de mettre en otage les enfants. Ils sont aussi nos enfants. La défense de l'école publique est aussi notre préoccupation». Les syndicalistes appellent à la mobilisation de ces parents autour de leur mouvement: «Nous souhaitons que les parents soutiennent vivement notre grève. Ils ne doivent pas accepter les conditions dans lesquelles nous travaillons». Pour terminer, Salem Sadali réitère son appel pour l'organisation d'une conférence nationale autour de tous les problèmes de l'école avec la participation de tous les concernés (enseignants, parents d'élèves, spécialistes de la pédagogie…et représentants du ministère de l'Education nationale». Concernant l'affaire d'agression du jeune photographe d'El Ahdath, Chenaâ Nour El Islam, ayant été giflé mardi par des policiers lors de la couverture du sit-in des enseignants contractuels, le porte-parole du SATEF affirme au nom de ses collègues: «Nous dénonçons toutes les atteintes aux droits des journalistes lors de l'exercice de leur travail».