Un responsable du quotidien cairote El Ahram a affirmé hier, au cours de l'émission «Matin sports» de la chaîne spécialisée Nile Sports, que, sur le plan médiatique, «l'Algérie a mieux accompagné sa sélection nationale». Il pensait sans nul doute qu'en grande partie, exception faite des journaux spécialisés, les médias n'ont eu de cesse de couvrir le rendez-vous de samedi avec la plus grande prudence ou sinon plus de pondération dans le propos.Cette appréciation, étonnamment à l'avantage de la corporation, reste toutefois à être… appréciée avec un peu plus de… prudence parce qu'elle déteignait étrangement avec l'ambiance qui prévalait sur le plateau, de la qualité très bon chic bon genre des invités exceptionnels (comédiens, chanteurs) de l'émission unis pour la circonstance derrière leur équipe, des invités dont l'art de souffler le chaud et le froid égale, on ne peut mieux, la force des scénarios des films et feuilletons égyptiens qui, chaque jour, plongent dans l'extase ou font pleurer, sans désemparer d'une chaîne à l'autre, les millions de nos compatriotes. Comparativement donc à ce qui s'écrit ou se dit ici et là par les journalistes algériens sur la sélection nationale et qui vraisemblablement reste dans le politiquement correct compte tenu de l'importance de l'événement et surtout de la passion qui habite la rue sur tout le territoire national, les médias égyptiens semblent, quant à eux, avoir trouvé l'astuce pour gagner la rencontre avant qu'elle ne se déroule tout en appelant à la raison, au respect des valeurs sportives, des liens fraternels entre Arabes et surtout Egypto-Algériens et rappelant qu'il ne s'agit que d'un match de football.En même temps, des spots publicitaires passés en boucle revenaient largement sur le but de la victoire de la sélection d'Egypte sur la nôtre en 1989, soulignant plutôt la conviction des responsables et institutions de prendre une longueur d'avance en mettant, et ils y sont parvenus à mesure que le compte à rebours défile, sous pression les Algériens mais pas les joueurs… la population. Et ce, jusqu'à progressivement et graduellement la faire douter de l'issue d'une rencontre qui n'a pas encore eu lieu.Il s'agit bien évidemment de provocation techniquement étudiée et savamment travaillée qui peut être qualifiée de procédé de bonne guerre dont il ne faudrait pas tenir compte et auquel plus particulièrement ne pas réagir. Ce serait d'ailleurs faire preuve de bon sens, certes, quoique rien n'empêche néanmoins les médias algériens et les institutions nationales agissant ès qualités d'investir ou de faire investir le tube cathodique, les ondes radio, la presse publique et celle dite indépendante si elle exprime la volonté d'en faire de même parce que c'est justement de… bonne guerre.Et histoire de guerre et cette fois-ci de vraie guerre, il s'en trouve, et malheureusement les exemples sont légion, qui ont été gagnées par anticipation sur un tout autre terrain que celui de l'affrontement direct et parfois sans qu'il y ait même… d'affrontement. Nous sommes bien loin de ces cas de figure extrême, Egypte-Algérie n'étant qu'une rencontre sportive, mais hélas la réalité est là et bien là. Preuve en est la sollicitation ou plutôt la mise en garde faite par la FIFA aux Egyptiens de mettre un bémol à l'engouement, par trop guerrier, de ses dirigeants, responsables des institutions sportives à l'approche du match et d'éviter de le sortir du seul contexte sportif.En déplaçant à partir d'aujourd'hui ses inspecteurs au Caire, la Fédération internationale n'est donc certainement pas dupe de l'enjeu de samedi et surtout des conséquences, voire des dérives qui peuvent en découler. Que notre sélection nationale ou celle d'Egypte n'aille pas en Afrique du Sud, où serait le drame ? L'essentiel est que l'une et l'autre se serait investie pour faire honneur à un emblème, un peuple et aussi aux valeurs sportives et surtout humaines. A. L.