Photo : S. Zoheïr Par Y. Bouarfa L'équipe d'Algérie tient aujourd'hui à se donner une raison d'être, tout particulièrement sur le terrain. Au fait, il n'existe plus chez elle cette exigence de ce qu'elle a à entreprendre. Pourtant, un objectif, des moyens, des hommes existent pour atteindre ce dont elle aurait besoin pour passer d'une phase à l'autre. Cette trilogie, elle semble la posséder et l'entretenir. Son cheminement et sa détermination l' attestent fortement. D'autant que le potentiel est intéressant et que la marge de progression reste évidente. Mais cette équipe, comme on n'a jamais cessé de le penser, ne se revendique pas. Elle se mérite. Envisager le présent, mais aussi l'avenir, en prenant un peu de recul, c'est significatif. Se regarder autrement, ce pourrait être aussi une bonne expérience, car, lorsqu'on est submergé, on ne voit pas forcément tout ce qui se passe autour de nous. Avant d'être louée ou contestée, destin de toutes les équipes, la sélection algérienne ne saurait achever la concrétisation de ses projets sans disposer de la responsabilité et de l'adhésion requises de tous pour une telle entreprise. La vie des équipes est ainsi faite : des étapes, des circonstances, des événements. Les moyens, les individualités ne manquent pas à la sélection algérienne. Et il n'est pas difficile de le deviner, voire d'en saisir l'opportunité. La marge de progression d'un bon nombre de joueurs devrait favoriser un autre esprit de jeu, exiger des options plus adéquates et faire appel à des conceptions plus adaptées. On aimerait à penser que les joueurs y soient présents pas seulement avec les jambes, mais aussi avec le cœur et l'esprit. Qu'ils se donnent sur le terrain avec autant de surpassement, d'inspiration et d'énergie tellement enflammée. L'équipe nationale n'est pas censée ignorer qu'elle ne peut pas continuer à s'exprimer, notamment en prévision du Mondial 2010 en Afrique du Sud, de la même façon, tout en subissant les mêmes contraintes, refaisant les mêmes erreurs. Si elle dispose de moyens susceptibles de lui permettre d'évoluer autrement, elle se doit de se donner un autre style de jeu, un autre mode de fonctionnement et surtout une marge de manœuvre plus libérée et plus épanouie… Mais, cela ne peut se réaliser sans l'aide précieuse du coach, souvent «absent» lors des grands rendez-vous, incapable de trouver la formule idéale pour sortir de l'ornière. A tous ceux qui ne veulent pas y croire, et peut-être bien qu'ils ont leurs raisons, qu'ils sachent que le football a toujours exigé l'empreinte du coach lors des moments cruciaux, dans les moments où l'équipe peine à trouver son équilibre. Pas étonnant qu'on en soit là, car, dans une certaine mesure, la réussite des adaptations en sélection, et chez toute équipe qui tient à se valoriser à travers de véritables considérations de jeu, ne nous y trompons pas, c'est aussi la réussite de certaines idées, d'un mode de fonctionnement et de responsabilisation adéquat. Au point où l'on en est aujourd'hui, on pense que la sélection algérienne aurait intérêt à fonder le jeu sur les dispositions naturelles de ses joueurs, une sélection qui regroupe les meilleurs joueurs, chacun à son poste. Il est clair également qu'avant qu'il n'y ait une équipe, des joueurs et des entraîneurs sur le terrain, il y a surtout un état d'esprit, un contexte, un environnement favorable et motivant capables d'assurer les meilleures conditions de s'exprimer…. Il y a et il devrait y avoir en cette étape décisive pour la phase finale du Mondial comme une remise en cause par rapport à ce qui a été accompli jusqu'ici. Cela ne pourrait être autrement pour une équipe qui sait pertinemment qu'elle n'a plus pour ainsi dire le choix à moins de 100 jours du rendez-vous planétaire. Elle devrait avoir forcément de nouveaux repères à prendre fortement en considération, à valoriser davantage, car le temps presse…