De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le pic de la crise des activités des aviculteurs de la région de Kabylie a été enregistré vers la fin de l'année 2005 avec une situation de cessation de paiement de l'écrasante majorité des intervenants qui ont eu à contracter des crédits au niveau des banques dans le cadre des aides à l'emploi de jeunes. Une grève de la faim a même été décidée et menée pendant plusieurs jours en novembre 2005 par les agriculteurs «en crise» de la wilaya de Tizi Ouzou revendiquant un effacement pur et simple de leurs dettes au niveau des banques et de l'ANSEJ. On se souvient qu'à cette période les prix de la viande blanche et des œufs avaient atteint des proportions extraordinaires (plus de 300 DA pour la viande et 10 à 11 DA pour l'œuf). Après une mobilisation qui a duré un temps, les agriculteurs en grève de la faim (une quarantaine environ) dans les locaux de l'ancien siège de la mairie de Tizi Ouzou avaient pu rencontrer des responsables des banques à l'échelle locale et régionale qui avaient cédé sur le traitement de leur dette sans pour autant aller jusqu'à son effacement tel que demandé par les «victimes». Les agriculteurs en grève avaient, en effet, bénéficié d'un rééchelonnement de leurs dettes sur plusieurs mois alors que la direction de l'ANSEJ a été catégorique à ce sujet : «Les dettes contractées par les agriculteurs dans le cadre de l'ANSEJ ne peuvent pas être effacées», affirmait-on. Depuis, la situation économique de cette frange des agriculteurs n'a pas tellement évolué même lorsqu'il y a eu la décision d'effacer les dettes des agriculteurs prise par le chef de l'Etat. Cette décision a, certes, grandement soulagé de nombreux agriculteurs, mais elle a aussi fait des mécontents parmi des jeunes agriculteurs qui s'estiment lésés, n'étant pas inclus dans la nomenclature des bénéficiaires de l'effacement de la dette. Ils se sont organisés en collectif pour défendre leur «droit» et ont entamé des démarches auprès des institutions concernées sans pour autant arriver à arracher l'essentiel de leur plate-forme de revendications. Il en est de même pour des investisseurs qui ont bénéficié des avantages de l'ANSEJ et/ou du Plan national de développement agricole (PNDA). Les aviculteurs de la région évoquent des difficultés qui les empêchent de travailler dans la confiance et de faire fructifier leur investissement dans ce créneau. De façon générale, les aviculteurs insistent pour d'abord souligner que les études techniques et économiques réalisées préalablement au lancement des projets dans le domaine restent prévisionnelles parce que «des facteurs aléatoires entrent en jeu comme la météorologie et les maladies qui détruisent tout ce qu'on fait», selon des aviculteurs qui font état de pressions diverses et de «harcèlement» que leur font subir les banques, suivis de menaces de procéder à des saisies en cas de non-respect de l'échéancier de remboursement de leur dette. «Des banques refusent de nous accompagner dans nos investissements et, quand elles acceptent, enfin, de nous donner des crédits, elles ne cessent de nous faire subir toutes sortes de pressions et menaces qui ne nous permettent pas de nous occuper de l'élevage et de nos batteries dans des conditions de sérénité», relève un aviculteur. Son «ami» souligne le manque de régulation du marché et les «ravages de l'informel», ajoutant que ces «préoccupations» sont partagées par les fabricants et les conditionneurs d'aliments pour bétail, les importateurs de céréales et oléagineux et les distributeurs de médicaments vétérinaires. «Pourquoi ne pas produire ici en Kabylie ou dans une autre région du pays les céréales et les oléagineux pour ne pas tomber dans les filets de l'importation dont les effets se répercutent sur les prix, sur les étals, du poulet, de la dinde et des œufs». Tout un segment capital de l'agriculture qui va très mal… et ce, depuis des décennies !