L'extravagance a forcément des limites. La crise de l'endettement de l'émirat de Dubai, dont les dettes sont estimées à plus de 80 milliards de dollars, va faire des émules, surtout dans des entreprises, telles que Dubai World, qui ont consenti des milliards de dollars d'investissement dans le monde et se trouvent, comme par enchantement, dans des difficultés de trésorerie. C'est justement une filiale de cette entreprise, BPWorld, dont les dettes sont estimées à 59 milliards de dollars et qui a demandé un moratoire jusqu'au mois de mars, qui gère l'Entreprise portuaire d'Alger. Il faut dire que le groupe émirati est le troisième en matière de gestion aéroportuaire dans le monde. Il a même acheté de grandes entreprises européennes et gère, à titre d'exemple, le terminal portuaire du Havre, l'un des plus importants de France et d'Europe. Cette nouvelle crise influence-t-elle ses activités en Algérie ? Rien n'est encore clair, étant donné que l'entreprise de Dubai gère uniquement le volet managérial du port d'Alger. Sauf que les données diffusées hier ne trompent pas. L'Etat de Dubai, co-proprétaire de Dubai World, ne veut pas garantir les dettes du conglomérat, dont la filiale immobilière Nakheel, promoteur de Jumeirah Palm, l'île artificielle en forme de palmier, est le premier touché par la crise. «Comme Dubai World a plusieurs activités qui sont exposées à tous les genres de risques, la décision avait été prise dès la création de la compagnie qu'elle ne serait pas garantie par le gouvernement même s'il en est le propriétaire», a estimé hier un responsable émirati, cité par les agences de presse. «Dubai World a été créée sur des bases commerciales et a traité avec les créanciers et les investisseurs sur cette base», a-t-il expliqué, soulignant que le conglomérat «obtenait (ses) financements sur la base de son statut commercial et la rentabilité de ses projets». Cela renseigne sur les risques liés à cette affaire. Avant même que le délai demandé à Dubai World n'expire (le 14 décembre, ndlr) les marchés financiers de la région s'effondrent l'un après l'autre. C'est le cas notamment des Bourses de Dubai, d'Abou Dhabi et du Caire, dont les activités dépendent essentiellement de ces grands groupes des émirats de la région. Cela dit, le groupe émirati a tout de même une chance : il peut, le cas échéant, vendre des actifs dont le montant est estimé à 70 milliards de dollars. De quoi amortir une partie des dettes. A signaler que Dubai World a été créé en 2009 et compte plusieurs filiales importantes, dont la compagnie aérienne Emirates et BP World. Il a bâti son empire grâce à un endettement spectaculaire estimé aujourd'hui à 59 milliards de dollars. L'entreprise, constituée de capitaux privés et publics, est la principale richesse de l'émirat de Dubai, puisqu'elle intervient dans des secteurs divers tels que la construction et le tourisme. A. B.