De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les infrastructures d'accueil demeurent le talon d'Achille du développement du tourisme local à Constantine. Peu d'hôtels répondent aux normes dans une ville en pleine mutation où de grands chantiers sont engagés en vue de la moderniser et surtout pour rattraper un grand retard dans différentes réalisations dû à un marasme qui ne dit pas son nom, marqué par une confusion ayant favorisé les affaires de quelques investisseurs qui ne se sont pas souciés de l'intérêt général. En témoignent les projets touchant moult secteurs «en stand by» au niveau de la zone industrielle, dont quelques-uns restent des «projets sur maquette». Certes, ces futures réalisations ne sont pas dédiées à l'hôtellerie, mais ce fragment de développement montre le mal profond dont souffre Constantine dans l'achèvement de ses projets. S'il est vrai que la décennie noire n'a pas été sans conséquence sur l'évolution des chantiers à travers le pays, Constantine aura battu le record des ajournements de ses aspirations infrastructurelles. La ville des Ponts continue d'«héberger» dans ses anciennes bâtisses (privées et étatiques), les plus confortables étant occupées par des visiteurs et touristes de transit. A longueur d'année, le Panoramic et le grand hôtel Cirta affichent complet. Ce dernier, joyau arabo-mauresque inauguré en 1912, constitue la fierté et le symbole des hôtels à Constantine en raison de son emplacement au cœur de la médina mais aussi par son architecture ancienne qui attire les touristes. Le Cirta, classé 4 étoiles, dispose de 76 chambres, dont 6 suites et deux appartements résidentiels. Ses prestations englobent l'hébergement, la restauration, le dressing et l'organisation de conférences. «Hommes d'affaires, missionnaires des entreprises et touristes constituent la clientèle de l'hôtel», nous dira M. Zendal, son directeur. Il y a trois mois, après avoir dirigé l'hôtel Panoramic depuis 2005, il a créé une agence de tourisme qui commercialise des circuits. La durée maximum du séjour est de 5 nuitées. Les prix des chambres varient selon la catégorie : 4 900 pour la single, 8 500 pour une suite, l'appartement fermera la marche avec 15 000 DA la nuitée. La bâtisse qui a subi plusieurs réhabilitation, verra incessamment le parterre du rez-des-chaussée «relooké» par un marbre de haute qualité, précise le directeur, pour ne pas affecter l'originalité de la construction. Toutefois faut-il souligner qu'à chaque fois que l'on entreprend des opérations de «rénovation», la sonnette d'alarme est tirée par des associations qui veillent à la sauvegarde de cet édifice. A cet effet notre interlocuteur rassure : «On procédera d'une manière minutieuse à la réparation des parties défectueuses .La clientèle du jour est exigeante, il est nécessaire de rénover en permanence.» Cependant, la question sur l'absence de restaurateurs seuls habilités et compétents pour préserver l'ancien carrelage ne trouvera aucune réponse. Toujours dans le contexte du toilettage, les chambres ont vu leur boiserie «refaite» dans le même style, cela ne préoccupe pas pour autant les mordus de l'antiquité à Constantine qui épient la moindre déformation architecturale. A quelques centaines de mètres se trouve le second «big» hôtel. Le Panoramic (3 étoiles), occupe un autre statut. Il diffère de Cirta non par son aspect mais également par sa clientèle dont l'équipage d'Air Algérie qui occupe périodiquement les lieux, et c'est tant mieux pour les caisses du «Pano» qui ne désemplit pas à la faveur d'une grande partie de la réalisation de la bâche d'eau et du renouvellement de ses équipements. Le manque flagrant des infrastructures obligent les visiteurs à se soumettre à trois directions hôtelières à Constantine : Cirta, l'hôtel des princes (établissement privé, 2 étoiles) et le Panoramic. En fait la ville dénombre quelques motels, mais les plus prisés pour leur services et proximité sont ceux susmentionnés. Le projet de construction de Novotel et d'ibis en plein centre-ville est venu à point nommé. Ces deux chantiers qui enregistrent un taux d'avancement assez appréciable, contrairement à l'autre projet sis au 7ème km dont les travaux sont au point mort, donneront à coup sur un autre cachet à la ville des ponts pour attirer autant de monde, «pénalisé» par la pauvreté des installations résidentielles. «Ne craignez-vous pas à l'avenir prochain l'ouverture de ces deux hôtels de la chaîne Accor» ? «Chacun aura sa part du marché. L'hôtel Cirta détient sa touche caractéristique qui lui permet d'abriter des touristes étrangers à la recherche de l'aspect mauresque.», soutient le directeur du Grand hôtel Cirta en affirmant que «son personnel est en formation continue en vue d'être à jour sur tout ce qui ce fait dans le domaine de l'hôtellerie» En somme, les infrastructures d'accueil à Constantine se comptent sur les doigts. La ville a grand besoin d'un sacré boom hôtelier, si elle veut enclencher un secteur «rapporteur». Le sourire exhibé par le ministre du secteur aux prestataires ne pourra à lui seul combler le vide infrastructurel dans cette ville millénaire…