- Le Chef du gouvernement n'a pas cédé sur la revendication de l'UGTA qui avait exigé que la hausse des salaires des fonctionnaires suive l'augmentation du SNMG - Un pacte économique et social sera signé en septembre prochain. “Il est très difficile de négocier avec Ouyahia”. Cette déclaration d'un responsable d'une organisation patronale renseigne à elle seule sur la rencontre tripartite, gouvernement, UGTA et patronat, qui s'est déroulée de jeudi à vendredi, et qui a duré plus de 22 heures. Le Chef du gouvernement, chiffres à l'appui, “a fermé le jeu”, pour paraphraser ce patron sur plusieurs dossiers. Que ce soit sur l'article 87 bis de la loi 90-11, ou sur la question du foncier en passant par l'épineux dossier de l'informel, Ahmed Ouyahia n'a rien concédé. Même s'il affirme, à la presse, qu'“il n' y avait ni vainqueur ni vaincu”, à la fin de la rencontre. Pour autant, les syndicalistes de l'UGTA, ne sont pas totalement satisfaits de la réponse apportée à leur demande de révision des dispositions de l'article 87 bis de la loi 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail. L'UGTA a souhaité la reconsidération de cette disposition en raison du caractère restrictif qu'elle donne de la définition du SNMG et qui fait que sa revalorisation demeure sans impact notable sur les niveaux des salaires versés par les organismes employeurs. En clair, l'UGTA a demandé que l'augmentation du SNMG enclenche la hausse des autres salaires. C'est ce qu'on appelle l'effet cascade. Elle regrette que la dernière augmentation du SNMG n'ait pas conduit au relèvement des salaires des autres travailleurs de la Fonction publique ou des entreprises c'est à dire ceux qui touchent plus de 10 000 dinars par mois. L'Unep, nous dit-on, a marqué son appréhension quant aux impacts de la mesure souhaitée par l'UGTA. M. Benyounès estime que la mesure est de nature à engendrer de lourdes conséquences pour l'entreprise publique en raison de son incidence financière élevée. Le gouvernement partage la préoccupation de l'UNEP, tout en reconnaissant le bien-fondé de la revendication de l'UGTA. Il explique que les dispositions énoncées par l'article 87 bis de la loi 90-11 “sont la conséquence de la situation particulière difficile qui prévalait dans le pays durant l'ajustement structurel”. Il rappelle que la même année, le 1er janvier 1994, le SNMG est passé de 2 500 dinars à 4 000 dinars pour évoluer jusqu'à 10 000 dinars en 2003 et cela dans une logique d'un SNMG incluant le salaire et les différentes primes perçues par le travailleur. Le Chef du gouvernement, s'il reconnaît que l'article 87 bis est la conséquence de la conjoncture économique de l'époque, affirme que la demande de l'UGTA de reconsidérer cette déposition aurait “de lourdes et graves conséquences financières autant pour le budget de l'Etat que pour l'outil de production”. Le Chef du gouvernement estime que les effets induits seraient une dépense salariale de l'ordre de 500 milliards de dinars, soit un doublement de la masse salariale de la Fonction publique. Pour le secteur économique public, l'incidence de la même revendication coûterait 40 milliards de dinars. Dans une telle hypothèse, argumente-t-il, 70% des entreprises publiques économiques seraient menées à la faillite, dans les trois mois suivant l'application d'une telle mesure. Il est évident, estime encore le gouvernement, qu'une telle approche “serait asphyxiante pour l'outil de production, conduirait à une inflation forte, à l'érosion du pouvoir d'achat et aboutirait à des conséquences négatives pour les travailleurs eux-mêmes”. “Il ne faut pas être aventurier”, répond le Chef du gouvernement à la presse. Ahmed Ouyahia ajoute que le gouvernement “n'a pas dit non à la revendication de l'UGTA”. Le gouvernement, soutient Ouyahia, est conscient que la situation découlant de l'article 87 bis est vécue comme une injustice par le monde du travail. C'est dans cet esprit qu'il prend acte de la demande de l'UGTA. Le Chef du gouvernement, devant les journalistes, parle “de correction d'une injustice”. Un groupe de travail a été mis en place “pour dégager une solution juste pour les travailleurs, rentable pour le pouvoir d'achat et bénéfique pour le développement national, ainsi que pour la cohésion sociale”. Le communiqué final souligne que “le gouvernement est d'avis que le pays revienne à l'avenir, à des normes universelles de définition du SNMG qui pourrait être supportable dans le cadre d'une politique d'évolution des salaires en liaison avec la croissance économique, la valeur ajoutée dégagée par l'employeur et l'inflation”. La tripartite a, par ailleurs, abordé la question des allocations familiales. Un consensus sur le transfert de la prise en charge des allocations familiales par les employeurs a été réalisé. “Le patronat est sensible à la question”, souligne le Chef du gouvernement. La tripartite a décidé de discuter d'un calendrier applicable pour la reprise des dépenses liées aux allocations familiales par les employeurs à l'occasion de la discussion du pacte national économique et social. Les dépenses liées aux allocations familiales sont estimées par le Chef du gouvernement à 27 milliards de dinars annuellement. Une centaine de millions vont aux travailleurs des sociétés étrangères activant en Algérie. M. R.