Pour les férus de la culture sahraouie, s'il y a bien une date à retenir, ce serait le 14 janvier 2010 qui témoignera de la naissance des «Nuits bleues sahariennes». L'événement qui s'étalera sur deux jours, se déroulera dans la région de Tamanrasset. Sur l'initiative de l'association «Sauvez l'imzad», cette célébration remarquable de notre culture du Sud algérien rassemblera une série de manifestations culturelles susceptibles de drainer les foules. En effet, pour la première journée, un colloque international sur l'imzad se tiendra à l'université Hadj Moussa Akhamouk. Ce colloque animé par un groupe de professionnels se penchera effectivement sur l'imzad et la préservation de cet art propre au peuple des Touareg. En parallèle, la maison de la Culture abritera le vernissage de l'exposition internationale d'art intitulée «De la musique avant toute chose». Autour de l'exposition, des ateliers de peinture, de sculpture et de musique seront organisés en plein air. Les Nuits bleues sahariennes, c'est aussi la tenue de différents concours, en l'occurrence la course des chameaux (du pic Iharen à Dar l'Imzad), le concours de la gardienne de l'imzad (Messas N'Imzad), le concours de la plus belle tente (Ihan Ed'Kayatnid) et le concours du plus beau chameau (Amiss Ihoucin Youhakahal). A l'issue de ces diverses confrontations, les prix seront remis aux lauréats jugés par des spécialistes. Notons que ces compétitions amicales aspirent à revaloriser des pratiques menacées de disparition et à encourager la protection du patrimoine. Concernant l'animation musicale, les organisateurs n'ont pas fait les choses à moitié en faisant appel au légendaire groupe Tinariwen natif du Mali. Avec un style bien distingué, baptisé le Blues touareg, ce groupe est parvenu à sillonner le monde entier pour faire valoir son son. Plus qu'une simple formation artistique, c'est un groupe de musiciens engagés qui luttent quotidiennement pour la sauvegarde de leur culture. Porte-parole de leur peuple nomade, le groupe Tinariwen a durant leur parcours partagé la scène avec de grands noms, à l'instar de Robert Plant, Carlos Santana et Bono des U2. Avec des sonorités rock et blues, ce groupe donnera un concert inédit durant cet événement. À leurs côtés se produiront d'autres artistes, à l'image de Tartit (Mali), Terbiyat (Niger), Choghli (Djanet) et Takouba de Tamanrasset. Mais ces «balades» à travers le monde n'ont pas éloigné Tinariwen de leur «monde». «Le désert est ma maison, je n'ai jamais été attiré par l'idée d'émigrer à Paris ou à Los Angeles. C'est au désert que j'appartiens. Les gens doivent vivre simplement au Sud, c'est la seule manière de comprendre. La simplicité est la liberté», dit Ibrahim Ag Alhabib, leader du groupe Tinariwen. Par ailleurs, une soirée spéciale «Chants des femmes» sera organisée avec les joueuses de l'imzad, la chanteuse kabyle Cherifa et beaucoup d'autres interprètes. La mode s'invitera également aux Nuits sahariennes avec un défilé de mode concocté par la styliste Nassila. «Balade au royaume des silences, voiles, couleurs et formes» fera découvrir à l'assistance toute la diversité des habits sahraouis qui font le bonheur des collectionneurs. En outre, au-delà de ces activités culturelles prometteuses, l'association «Sauvez l'imzad» s'est fixé un but bien précis. Celui de donner naissance à la première maison internationale d'artistes dans la région. Un établissement qui non seulement assurera la formation mais qui luttera pour la sauvegarde et la préservation durable de cette culture. W. S.