Le taux de réussite à l'examen du baccalauréat de l'épreuve 2007/2008 mettra naturellement de la pression sur l'université appelée à contenir un nombre élevé d'étudiants. Même si le premier responsable du secteur, Rachid Harraoubia, se voulait rassurant dès la proclamation des résultats, en soutenant que l'université algérienne est prête à accueillir de nouveaux inscrits, la réalité du terrain révèle le contraire. Il est fort probable que le ministre de l'Enseignement supérieur ne se réfère qu'aux chiffres en disant cela : «Il y aura de la place pour tout le monde.» Le message peut rassurer le nouveau lauréat du baccalauréat, qui, dès ses premiers pas à l'université se désillusionnera en comprenant de quoi est parsemé le chemin de l'élite. Le premier cours qu'il apprendra- sans même se rendre dans un amphithéâtre est que les paroles pompeuses du ministre ne sont pas fiables. A moins que Harraoubia ne définisse une place à l'université par rapport à sa superficie. Ainsi, c'est oublier, sinon ignorer, qu'une place à l'université est plutôt une question de conditions de poursuivre ses études : l'hébergement, la pédagogie, le transport, la restauration, l'encadrement… Une place à l'université, c'est essentiellement se retrouver dans une salle de cours pas chargée et dans laquelle tout le monde se sentira à l'aise. C'est être aussi en face d'un enseignant qualifié apte à transmettre son savoir et ses connaissances à ses étudiants dans un cadre de respect et de convivialité. L'université algérienne du troisième millénaire réunit, hélas ! deux failles : surcharge des salles et déficit en encadrement. Le groupe à l'université d'aujourd'hui a tout d'une section dans la mesure où il regroupe plus d'une soixantaine d'étudiants. Le groupe s'est transformé en foule. Un fait qui ne manquera pas de se répercuter sur la qualité de l'enseignement. Car, d'une part, l'enseignant aura toutes les difficultés à maîtriser ses cours et, d'autre part, l'étudiant perd sa réceptivité. Le nombre très important d'étudiants qui rejoignent l'université pose chaque fois le problème de l'encadrement de qualité. Une question qui revient avec plus d'acuité compte tenu de la fuite des enseignants universitaires qui capitalisent une expérience considérable. «Nous sommes en train de mettre en place toute une politique pour permettre à nos jeunes diplômés de rester en Algérie et de de faire profiter leur propre pays de leurs connaissances et de leur savoir-faire», a déclaré l'ex-chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, à l'ouverture, au mois de juin passé, d'un colloque sur «l'assurance qualité à l'université». L'ancien responsable avait ajouté que des mesures en termes d'emploi, de salaire, de logement, de pouvoir d'achat et de préparation de l'environnement seront prises en faveur des jeunes diplômés. La priorité pour le gouvernement est d'offrir aux enseignants en place les meilleures conditions de travail pour mettre fin à l'hémorragie qui frappe l'université algérienne. La concrétisation des mesures promises passera sans l'ombre d'un doute par une revalorisation du savoir. Pour le moment, Harraoubia se plaît dans l'annonce des chiffres et des statistiques, pas forcément fiables, à défaut d'œuvrer pour l'amélioration des conditions d'enseignement. A. Y.