De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La gestion et l'entretien des cités restent aléatoires dans la quasi-totalité des localités de Kabylie. Les services qui doivent être assurés quotidiennement par des organismes bien définis sont d'autant plus difficiles à assumer parce que la conception et la qualité de réalisation des projets de logements n'obéissent pas toujours aux normes comme l'ont dénoncé des collectifs et comités de cités dès la fin des opérations d'attribution des logements. Des irrégularités qui ne devraient pas avoir lieu vu la «fraîcheur» du parc immobilier de la région, dominée depuis toujours par l'autoconstruction et des compétences humaines avérées et maintes fois louées par les responsables à tous les niveaux. Les heureux bénéficiaires déchantent quelques jours ou quelques semaines au plus après la réception de leur nouvelle demeure attendue depuis plusieurs années et après avoir fait face aux angoisses de non-respect des délais de livraison. Les lacunes répétées relevées ici et là dans les cités sont légion : absence d'infrastructures prévues dans les plans comme les espaces verts, les jardins pour enfants, les clôtures d'enceintes et portails d'accès, etc., fraude sur la qualité des matières premières, manque de suivi, défection des réseaux de gaz, AEP, mauvaise conception des vides sanitaires, voirie impraticable… A ce sujet, pour ne pas revenir une énième fois sur la situation délabrée et indescriptible de la majorité des cités du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou où voir des rats en plein jour n'est plus une curiosité, la localité de Draa Ben Khedda, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Tizi Ouzou, est peut-être l'exemple type de ces cités dortoirs où vivre n'est pas de tout repos. Cette ancienne commune à vocation agricole a connu une explosion urbanistique non loin de l'anarchie durant ces vingt dernières années rompant douloureusement avec son image d'antan de petite ville agréable. Quand des lotissements nouveaux ne disposent même pas de voirie convenable, il y a de quoi se poser des questions sur le reste des commodités qui doivent être de mise. Les lotissements Touarès datant des années 1980 sont un échantillon de ce délabrement des chemins qui sont un réel danger pour les résidants, notamment en hiver. A cet effet, la réhabilitation des réseaux d'AEP, d'assainissement, et de l'éclairage public revient dans les pressantes doléances adressées aux autorités à chaque occasion par les concernés qui, dans certains quartiers, craignent même l'apparition des maladies à transmission hydrique. Mais c'est surtout la qualité des logements de la Cité des 240 logements LSP à Touarès qui en a surpris et mis en colère plus d'un à la fin de cette année 2009. Environ une année après sa réception en présence des autorités locales, de graves anomalies dans le bâtiment comme la fragilité de l'étanchéité et des vides sanitaires et autres canalisations d'évacuation sont apparues et ont été signalées aux responsables par les bénéficiaires qui ont mené des actions d'information et de protestation. Les premières pluies de cet hiver ont, en effet, provoqué des inondations dans plusieurs étages des bâtiments de la nouvelle cité avec des dangers mortels causés par la promiscuité des zones inondées avec les compteurs électriques. Un propriétaire a souligné le payement au forfait de la facture d'eau «parce que les robinets sont rouillés et ne fonctionnent plus». Ces habitants ont été contraints d'organiser un rassemblement devant le siège de l'agence foncière de Draa Ben Khedda, pour dénoncer la non-viabilisation de la cité livrée après près de huit ans de retard, selon les résidants qui souffraient de l'absence de gaz de ville au début de l'hiver. Un autre exemple de cette situation, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, concerne les habitants de la Cité des 256 logements AADL, Imejrourad d'Azazga, récemment réceptionnée. Ils vivent eux aussi avec des contraintes résultant de la non-finalisation de toutes les étapes de la réalisation. «Des problèmes d'assainissement subsistent. Il y a des fuites et par endroits le réseau n'est pas raccordé», affirme M. Mohand Amara, membre du comité de la cité. Cette dernière ne dispose ni d'espace vert ni de parking et les certificats de conformité ne sont pas encore remis aux bénéficiaires pour pouvoir demander par la suite les actes définitifs, ajoute notre interlocuteur. Alors comment peut-on encore concevoir des cités de cette qualité et de cette esthétique, sans entretien ni suivi ?