De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar L'absence de spectacles et de manifestations artistiques et culturelles pendant plus de deux décennies a, terrorisme aidant, produit un effet néfaste sur le public algérien. Pendant des années, par crainte d'attentats, les manifestations artistiques se sont réduites comme une peau de chagrin, privant des milliers de jeunes Algériens d'un divertissement indispensable. L'un des méga-concerts organisé à huis clos fut, sans nul doute, celui animé de manière extraordinaire par feu cheb Hasni, l'idole des jeunes à cette époque-là. Un événement qui a marqué la capitale, des années durant, tant il a été l'un des rares événements artistiques réussis. Curieusement, pendant les années du terrorisme, la capitale de l'Ouest n'a pas perdu de sa verve et de son ambiance traditionnelle. Néanmoins, avec l'apparition du phénomène du hip-hop, les icônes de ce mouvement artistique rebelle ont réussi à fidéliser une certaine frange du public oranais qui ne rate pas une occasion de répondre présent aux concerts de ses fans. C'est le cas de Lotfi Double Kanon qui connaît un réel attrait de la part des jeunes, lesquels suivent avec intérêt ses déplacements et ses tournées artistiques. A Oran, les passages remarqués du jeune chanteur rebelle ont été à l'origine de cohues et de bousculades entre fans. Le passage du prestigieux groupe Raïna Raï fait également le même effet auprès des fans qui suivent cet ensemble légendaire avec curiosité et amour. Les places du mini-concert organisé dans une salle de cinéma à Oran a eu un effet boomerang dans la ville, drainant des dizaines d'inconditionnels. Les concerts organisés par le Centre culturel français ainsi que l'Institut Cervantès ont également réussi à fidéliser un public régulier et constant. Le théâtre connaîtra également ses heures de gloire à travers un grand retour des spectateurs dans les salles après qu'ils les ont boudées pendant plus de deux décennies. Il faut dire que le public oranais est assez particulier dans ses goûts artistiques prononcés. L'occasion de l'organisation de plateaux intermédiaires à l'occasion du Festival panafricain 2009 qui s'est tenu à Alger a démontré la soif du public oranais pour pareille manifestation. La décision du transfert du Festival de la chanson raï vers la wilaya de Sidi Bel Abbès a produit un effet de colère et de ressentiment de la part de ce public qui a accompagné et porté la chanson raï depuis le premier festival qui s'est déroulé en 1985. Auparavant, les manifestations se déroulaient à même les places publiques sans aucun incident. La fidélisation du public, à travers le réaménagement des espaces dédiés à ces activités, leur réadaptation et leur modernisation ainsi que la création d'autres structures aménagées, devra constituer le souci majeur des responsables du secteur.