La militante sahraouie des droits de l'Homme, Aminatou Haidar, entame sa cinquième semaine de grève de la faim entamée le 14 novembre dernier. Cette action, aussi politique que symbolique, n'est pas une première pour la pasionaria du peuple sahraoui. Cette nouvelle épreuve, quoique difficile, honore plus la militante, mais avilit ses adversaires. Seulement, à un peu plus d'un mois de grève de la faim, les autorités marocaines, tout autant que le gouvernement espagnol, sont responsables d'une éventuelle complication de l'état de santé de Haidar. Le premier pour n'avoir pas permis à la dame d'entrer chez elle, quant aux Espagnols, ils sont responsables par leur silence complice face à une femme affaiblie qui est en train de mourir à petit feu sur leur territoire, censé être une terre des droits de l'Homme.Au lieu d'apaiser la situation, en permettant à Mme Haidar de rentrer chez elle, le gouvernement du roi Mohammed VI préfère l'escalade en désignant l'Algérie comme coupable dans une affaire qui, si elle interpelle sur le plan strictement humanitaire, ne la concerne ni de près ni de loin. Cela s'appelle de l'irresponsabilité et, au pire, de la criminalité.Et cela rappelle étrangement les actions des colonisateurs du temps des empires anglais et français. De nos jours, le sort du Palestinien Marwan Barghouthi et des milliers de ses compatriotes est semblable à ce que subit Aminatou Haidar et les militants sahraouis. Les agitations des autorités espagnoles, visiblement gênées, car ayant préféré les affaires et l'argent, n'est pas du tout à la hauteur des idéaux qui ont fondé l'Etat espagnol moderne ; un Etat qui, en l'espace de quelques années, est devenu un exemple de démocratie. Pis, les Espagnols doivent tout mettre en œuvre parce que Madrid a une responsabilité morale et historique vis-à-vis du peuple sahraoui qu'elle a abandonné, en 1975, entre les griffes de l'ancien roi du Maroc, Hassan II. C'est pour laver cet affront que Zapatero, et pourquoi pas le roi Juan Carlos, doit intervenir. Sinon, lui et d'autres responsables espagnols auront un mort sur la conscience ; s'ils gardent un brin de conscience, bien sûr.Quant aux Marocains, il n'y a pas grand-chose à attendre de responsables qui s'acharnent sur une femme sans défense, alors qu'ils devraient commencer par réclamer des terres que les Espagnols occupent toujours. A. B.