De 1997 à 2005, l'ENIEM a perdu 7 milliards de dinars et mis à la porte la moitié de ses effectifs en raison de ses difficultés financières, notamment son endettement à l'égard de la banque. Ses difficultés trouvent leur origine dans les différentes restructurations des entreprises publiques depuis la moitié des années 1980, avec la promulgation de la loi relative à l'autonomie des entreprises. Une autonomie virtuelle puisque l'entreprise ne pouvait prendre aucune décision ni même investir sur ses fonds propres sans l'accord de sa tutelle. Ce n'est pas tout, hier fleuron de l'industrie de l'électroménager, ses produits n'ont absolument rien à envier à ceux étrangers, qu'il s'agisse du taux d'intégration ou encore de la qualité, l'ENIEM, comme l'ENIE, a fait face à la concurrence déloyale depuis l'ouverture du marché algérien à l'importation tous azimuts. Les importations des CKD et SKD pour l'assemblage et le montage des réfrigérateurs revenaient moins cher que la production elle-même du produit. Cela a fait les beaux jours des importateurs tandis que l'ENIEM payait les surcoûts et les taxes. Ce qui l'a contraint à recourir aux crédits bancaires et à s'endetter. 12 milliards de dinars et une chute de production de 70%, alors que ses capacités sont plus importantes. Les deux plans d'assainissement n'ont pas réussi à faire redémarrer l'entreprise sur les chapeaux de roue en raison de la concurrence déloyale et la cherté des produits. L'ENIE n'était pas mieux lotie. C'est ainsi que deux fleurons de l'industrie algérienne de l'électroménager ont été à l'agonie et failli disparaître à jamais, quand elles n'allaient pas être cédées au dinar symbolique. Car les différents plans de redressement et d'assainissement ne pouvaient en aucun cas les sauver du fait de la persistance de la politique de l'import-import. Dès lors, elles naviguaient à vue, cadres gestionnaires et employés attendant le coup de sifflet qui allait sonner leur mort. L'embellie financière due à la manne pétrolière et le manque d'investissements étrangers directs ont poussé les pouvoirs publics à revoir leur copie en matière d'industrie, de manière générale, et de l'industrie de l'électroménager, de manière particulière. C'est le retour au patriotisme économique. L'Algérie ne pouvait plus se permettre de voir un patrimoine industriel, acquis chèrement, partir en fumée et des centaines de milliers d'autres emplois disparaître, hypothéquant ainsi la stabilité sociale contenue dans le Pacte économique et social paraphé en 2006. Lequel faisait obligation au gouvernement et aux opérateurs économiques de sauver les entreprises et de créer des richesses. Aussi, les prémices d'un patriotisme économique est en train de s'installer, les pouvoirs publics ayant désormais décidé de faire émerger les entreprises dont les parts de marché sont plus que garanties. Parmi elles, l'ENIE et l'ENIEM, deux entreprises qui gagnaient, gagneront le pari de l'industrie algérienne. F. A.