Dépourvue de sites touristiques et des tours d'affaires, la capitale algérienne, semble décidée à résoudre cette problématique. Et ce n'est pas les pouvoirs publics ni les investisseurs étrangers qui se sont chargés d'une telle entreprise. Le «salut» venait ainsi d'un homme d'affaires algérien qui voulait visiblement remodeler Alger, décrépité, embouteillé, en une cité du XXIe siècle. Le projet a été lancé en 2001 par le groupe privé Dahli avec l'acquisition de l'hôtel Hilton et la construction d'une première tour de bureaux baptisée Algeria Business Center, déjà fonctionnels. Sur 100 ha le long de la baie d'Alger, aux Pins Maritimes, à l'est de la ville, Abdelouhab Rahim, le patron d'Arcofina, veut bâtir pour 2011 deux tours d'affaires, New York et Tokyo, un centre commercial de 35 000 m2, un hôtel de 500 chambres, deux immeubles de 168 appartements de grand standing, un parc aquatique et une marina pour 600 bateaux de plaisance. Un boulevard, aussi large que les Champs-Élysées et bordé de 2 000 oliviers centenaires importés d'Espagne permettra d'attirer les Algériens. «C'est la future cité qui deviendra le poumon économique, commercial, social, culturel et sportif de la capitale. Avec 1 million de m2 réservés au business, 1 million de m2 pour les habitations et 500 000 m2 réservés au commerce, Alger Medina sera non seulement une cité du business mais également un lieu de rencontres et de détente pour les 5 millions d'habitants de la capitale. Le projet créera 10 000 emplois et attirera 100 000 visiteurs par jour, hommes d'affaires, consommateurs et touristes», selon cet homme d'affaires. Prise l'année dernière, l'instruction du gouvernement sur les investissements, décidant d'obliger les investisseurs nationaux et étrangers à recourir exclusivement aux crédits locaux pour financer leurs projets en Algérie, tombe à pic pour cet opérateur. Cette mesure vise, pour mémoire, à éviter l'endettement du pays en utilisant les surliquidités disponibles dans les banques publiques, estimées à plus de 2 500 milliards de dinars (25 milliards d'euros). Donc, son application sur le terrain s'est faite via l'emprunt obligataire lancé par ce groupe, le 11 janvier dernier. En effet, le groupe privé Dahli, afin de financer une partie du projet immobilier «Alger medina», a ainsi levé 8,3 milliards de dinars durant trente jours. Si cet emprunt, ouvert au grand public, constitue un test sérieux pour la capacité des banques algériennes à participer au financement des grands projets, il demeure le premier du genre en Algérie. Du côté de cet homme d'affaires, le temps est plutôt à la sérénité, et l'ambition de réaliser ces investissements est de plus en plus affichée, alors que même certains spécialistes en la matière commencent d'ores et déjà à douter de la réussite et de la fiabilité d'un tel projet. D'autant que l'ensemble du projet demandera un investissement de 2,5 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros). «Je ne suis pas un spéculateur, un importateur ou un affairiste, mais un bâtisseur. Mon approche n'est nullement dictée par l'appât du gain mais par la passion de bâtir et de construire quelque chose qui profitera aux citoyens. Je veux mettre à la disposition des Algériens un grand projet qui restera dans l'histoire. Pourquoi ne pas leur offrir ce qu'ils trouvent en Europe, en Asie ou en Amérique», répondait-il à chaque fois. S. B.