Photo : M. Hacène Par Badiaa Amarni C'est le branle-bas de combat chez les producteurs de gel antiseptique et de savon liquide. Ces mêmes producteurs n'arrivent plus à faire face à la commande et disent qu'ils sont carrément débordés. Ils travaillent de jour comme de nuit pour tenter de répondre à la demande sans cesse croissante des consommateurs mais leurs moyens sont insuffisant dans cette course contre la montre. Cette situation est apparue à la suite de l'engouement des citoyens pour ces produits afin de se prémunir contre la grippe porcine et ce, depuis le passage de l'Algérie au stade 5 de la maladie qui a commencé à causer des décès. Depuis, les Algériens se sont rués vers les pharmacies, les commerces de détail, et même de gros, pour acheter ces produits d'hygiène. Du coup, les gels anti- bactéries et les savons liquides sont devenus introuvables sur le marché national. Même si certains producteurs disent que le produit existe encore mais qu'il est vendu à une vitesse vertigineuse, d'autres disent que nous sommes entrés dans une phase de pénurie. D'ailleurs, la majorité des fabricants contactés par nos soins n'ont pas répondu favorablement tandis que d'autres ont préféré parler, brièvement, sous le couvert de l'anonymat car, disent-ils, ils n'ont pas beaucoup de temps à nous accorder. Travail en H24 et sollicitation de l'aide de l'Etat La plupart nous ont confié qu'ils travaillaient dans leurs unités de production en H24 pour essayer de répondre à la demande, mais en vain. L'un d'entre eux, que nous avons appelé au téléphone, car le temps ne lui permettait pas de nous accueillir sur les lieux, nous a appris que «nous sommes submergés par une forte demande que nous n'arrivons pas à satisfaire». Bien qu'ayant doublé puis triplé la production, le responsable de cette entreprise dit qu'il n'est pas en mesure de répondre aux besoins des consommateurs. «Tout ceci est le fruit de l'affolement et de la panique», soutient notre interlocuteur qui évoque la nécessité de bien informer les citoyens sur cette pathologie. L'occasion a été donné à notre interlocuteur de souligner que cette demande pressante a causé beaucoup d'autres perturbations, entre autres, la pénurie de matière première, de flacons, de bouchons et même d'étiquettes. A peine deux mois après que son produit ait été mis sur le marché, c'est déjà l'explosion des ventes à cause de la grippe porcine. «Cela fait seulement une semaine que nous recevons des commandes importantes». Cet opérateur sollicite l'aide de l'Etat pour la fabrication de ces gels en mettant à sa portée et celle des autres fabricants de la matière première les crédits bancaires nécessaires à même d'encourager le privé pour aller dans ce créneau d'activité qui est en phase de se développer, alors qu'il était jusque-là négligé, voire méconnu. Il faut aussi aller vers sa modernisation, suggère-t-il. Notre interlocuteur dit avoir déjà réfléchi avant cette crise à l'extension de son projet avec des locaux plus spacieux. Selon certaines indiscrétions, d'autres producteurs ont laissé de côté les autres produits fabriqués et se sont consacrés exclusivement à ces gels antiseptiques. Pour illustrer l'engouement considérable des consommateurs pour ces produits, l'entreprise Al Waha International, qui fabrique et importe une panoplie de produits de beauté, dont les savons, les shampoings et savons liquides, par le biais de son directeur du développement et marketing, affirme qu'un stock d'une année et demie a été écoulé en seulement 15 jours. Un record ! M. Zoheir Bensaïdi, rencontré à la foire de la production nationale et sans aller dans les détails, nous informe que le savon liquide «Duru», importé de Turquie, marche assez bien mais pas à la cadence de ces derniers jours. D'ailleurs, dit-il, il nous restait à peine deux cartons pour participer à cette exposition. Et de nous apprendre que, dès février prochain, celui-ci sera fabriqué localement par Al Waha. La chaîne de production est déjà installée, la composition est prête, les certificats et les autorisations aussi. En attendant, interrogé sur la façon de faire pour répondre à cette demande pressante, M. Bensaïdi souligne qu'il faut faciliter la tâche aux producteurs pour importer la matière première et ce, à travers des aides et des mesures incitatives. Nécessité de renforcer le contrôle Il faut dire que la pénurie de ces produits a entraîné quelque peu la spéculation. Des observateurs disent que certains vendeurs de mauvaise foi les stockent de manière calculée pour les vendre plus cher ultérieurement. Déjà, de nombreux intermédiaires dans la chaîne de distribution ont augmenté de 200 à 300% les prix de ces produits. Ceux qui se vendaient seulement 70 DA ont vu subitement leur prix flamber pour atteindre 350 DA le flacon. Parce qu'il y a souvent des commerçants peu scrupuleux, les services du commerce à travers le territoire national doivent redoubler de vigilance et renforcer le contrôle sur le terrain, y compris pour voir de plus près la qualité des produits écoulés sur le marché. Ils doivent intervenir avec force pour contrecarrer toute fraude et opérer même des saisies. Mais quand on sait que le ministère du Commerce est en déficit d'effectifs de contrôle, selon les déclarations des responsables à charge de ce secteur, les citoyens doivent, eux-mêmes, faire attention. Dans leur engouement, ils ne doivent pas céder à la panique au point d'acheter n'importe quoi avant de s'assurer de la qualité du produit. Car il se pourrait que, dans pareil cas, de nouveaux producteurs se hasardent à fabriquer des savons liquides et des gels antiseptiques qui peuvent être plus fatals aux consommateurs que la grippe porcine. Idem pour les importations. Certains importateurs peu scrupuleux peuvent se spécialiser, pour l'occasion, dans ces produits pour s'enrichir en un temps record.