Meslem Seddik dit Mahi, originaire de la région de Sidi Bel Abbès, demeure l'un des gouals (conteurs) les plus appréciés à l'échelle locale et nationale. Pris en tenaille entre l'affection et la colère, l'enfance et l'adolescence, sur les bords de la Mekerra, au pied des monts de Tessala, celui qui passe pour être le goual des temps modernes commença par fouler les planches du théâtre avant de se retrouver sur le chemin des anciens troubadours, à reprendre les contes et les légendes de sa terre natale et ceux d'autres peuples du monde. Considéré par certains comme le dernier goual de la tribu des Beni Ameur, il a déjà traduit deux contes de Daniel Leduc, notamment Pierre de lune ainsi que d'autres dont Le conte des quatre vents, L'homme qui regardait la nuit, La légende des mondes...Le début de sa carrière artistique remonte à 1975 avec la Troupe des quatre saisons. Au début des années 1980, il rejoint la troupe algéroise Debza, pour devenir ensuite animateur du ciné-club de la ville de Sidi Bel Abbès. Mahi, qui avait également occupé la fonction d'assistant réalisateur dans la pièce théâtrale L'épopée du prisonnier 7046 et dans le film documentaire de 52 minutes Femme Taxi à Sidi Bel Abbès, avait effectué plusieurs tournées en Algérie, présentant entre autres Machaho (Il était une fois) de Mouloud Mammeri, Le petit poisson d'or, Tapis magique, ainsi que les contes de la Mekerra et autres contes maternels. Actuellement, il travaille sur une nouvelle oeuvre intitulée Si j'étais à Ghaza, inspirée d'un conte du patrimoine populaire palestinien, qui reflète l'histoire de deux colombes, dont l'une portant du henné à la patte. Cette dernière, explique-t-il lui-même, s'est déplumée des suites de rafales de vents forts et fut heureusement sauvée par un pêcheur qui décida de l'épouser. Et voilà que ce volatile se transforma en une charmante femme!. Cet artiste, qui a sillonné plusieurs pays, entraîne le public dans un voyage plein de légendes et de mystères. Il se déplace, de ville en ville et de village en village. Il transporte avec lui des mythes et légendes venus d'ailleurs. Il transmet la mémoire à travers des histoires qu'il met en scène et interprète lui-même. Artiste de l'oralité Mahi est l'auteur de plusieurs ouvrages entre autres La pièce de lune (novembre 2005), L'homme qui regardait la nuit (avril 2007), L'édition bilingue, Le miroir de l'eau (septembre 2007). Il s'est également associé avec le conteur français Daniel Leduc. Il a aussi participé à de multiples rencontres et festivals à Oran, à Tizi Ouzou, organisés dans les écoles. Ses paroles sont pleines de sagesse. Son art est narratif. Il interprète seul tous les personnages de son récit. Le goual possède un vaste répertoire de contes populaires, de romances, de légendes et d'épopées. Mahi demeure cet être mystérieux et professionnel avec son art de la narration et de l'exécution du récit qui dépend parfois du lien qui se crée entre lui et son public. «Le goual a recours à diverses imitations, improvisations et plaisanteries. Il intègre souvent de subtils commentaires d'actualité. Sa mission est à la fois éducative et divertissante. Il véhicule des valeurs et des idées», se plait-il à dire. Cet artiste de l'oralité, qui s'inspire plus des écrits de Mouloud Mammeri, du poète Bachir Hadj Ali ou du grand dramaturge Abdelkader Alloula, a également traduit La vache des orphelins de Marguerite Taous Amrouche, transformé en un conte intitulé Roumaïda.