Face à des impasses, il est souvent nécessaire de prendre des initiatives bénéfiques censées favoriser un développement durable de la culture et du patrimoine. Pour ces pratiques artistiques et lieux antiques délaissés, il existe heureusement certaines personnes dévouées qui se donnent à fond dans la lutte de la sauvegarde de nos trésors. Parmi ces personnes, Telmani Abdelkader connu sous le surnom de Kadda. Natif de la région de Beni Abbès, il n'a jamais laissé faiblir son attachement pour le vieux ksar d'Aourourout, un lieu où il a vu le monde et a grandi. Conscient de la valeur inestimable d'un tel patrimoine, il s'est lancé récemment dans la lourde tâche de restaurer ce lieu sans rechigner sur les moyens. Ayant bénéficié de l'aide de l'Union européenne, il a organisé à deux reprises des chantiers de rénovation du ksar avec l'aide de bénévoles dont la plupart ont été dénichés sur le Net. En l'espace de moins d'une année, il a réussi à ressusciter ces vieilles bâtisses traditionnelles avec la ferme volonté d'en faire le prochain pôle touristique et culturel de la région. Résultat, le ksar est entièrement rénové et prêt à accueillir ses visiteurs qui, selon Kadda, seront nombreux. Parmi ses futurs projets, la création d'une maison de l'artisanat au sein du ksar et cela en comptant sur le savoir-faire des femmes de la région. En effet, Kadda et son association les Amis de la Saoura n'ont pas hésité une seconde à alimenter ces femmes artisanes en matières premières avec leur propre argent. Armé de sa connexion ADSL et de son téléphone cellulaire, il a relevé un pari impossible dans une région éloignée des centres de décision, et qui manque de financements et de médiatisation… Autre modèle de résistance et de persévérance : l'association Sauvez l'imzad, avec à sa tête l'artiste peintre Farida Sellal. Pleine d'admiration devant les joueuses de l'imzad et leur instrument ancestral, elle s'est aussi lancé le défi de promouvoir et de sauvegarder cet instrument. Résultat, elle est arrivée à instaurer dans la région de Tamanrasset, là où son association a son siège, un mini-festival dédié à ces artistes, à leur instrument et à leur art. Les objectifs de Mme Sellal et de son association sont clairs et bien tracés : promouvoir, sauvegarder et favoriser un lieu capable de pérenniser leur action. Pour ce faire, la présidente a eu l'ingénieuse idée de créer la maison de l'imzad dont la première pierre sera posée en janvier 2010. Des Farida, des Kadda, des Mahi et bien d'autres que nous ne pouvons toutes et tous citer, il en existe un peu partout en Algérie. Ce sont des personnes comme celles-là qui poussent à la roue et arrivent à faire avancer les choses. Avec un petit coup de pouce des pouvoirs publics et des autorités locales et la complicité des citoyens, ces initiatives peuvent aisément contribuer à l'enclenchement d'une dynamique qui aboutirait à la relance de la culture dans des zones où elle n'avait pas droit de cité. En attendant, que ce soit dans le Sud, dans le Nord ou n'importe quelle région du pays, ces personnes s'impliquent pour nous rappeler à chaque moment, chaque occasion la valeur des choses et combler les lacunes, les oublis, le laisser-aller ou l'incapacité des responsables concernés. W. S.