Décidément, les citoyens de la daïra de Dar El Beida ne sont guère bien lotis. En vérité, dans les locaux des services de cette subdivision administrative, une débande sans pareille est en train de transformer le quotidien des administrés, à savoir les citoyens résidant dans les 7 communes placées sous sa tutelle, en un véritable cauchemar. Malmenés par les lourdeurs bureaucratiques, humiliés par l'accueil vexant des agents, traités avec mépris et indifférence par le personnel de l'administration, des citoyens sont amenés à prendre leur mal en patience chaque fois qu'ils se présentent aux services de leur daïra pour «quémander» des documents administratifs. Mais le calvaire que subissent les demandeurs de carte grise au niveau de cette daïra est certainement unique en son genre. De deux à trois mois, voire plus, les délais de délivrance de ce précieux sésame, dont ont besoin les automobilistes, peuvent encore durer des lustres. De plus, les guichetiers du service des cartes grises s'illustrent par leur comportement indigne et insultant vis-à-vis des «simples gens». «C'est un bazar ici et non une daïra», tranche tout de go Samir, un habitant de Bab Ezzouar qui attend impatiemment sa carte grise depuis le 14 août dernier. «Regardez les files d'attente et vous comprendrez ce qui se passe ici. On vous fait traîner trois mois pour une simple carte grise. Et je ne vous parle pas du traitement dédaigneux auquel nous avons droit de la part des agents de cette administration. Le chef de service n'accepte jamais de nous rencontrer pour nous expliquer ce qui se passe. Il met devant son bureau des agents de sécurité qui nous refoule comme de vulgaires voleurs ! Est-ce ainsi qu'on doit respecter les citoyens dans une daïra ?» s'interroge notre interlocuteur dont les souffrances endurées dans ses pérégrinations quotidiennes lui procurent aujourd'hui un profond dégoût pour tout ce qui symbolise l'administration locale. «Ce sont des ignorants qui travaillent ici et non des agents respectables», fulmine de son côté une dame d'un certain âge dont les cris de colère ont ébranlé la cour intérieure de la daïra. «Un agent du service des cartes grises m'a manqué de respect. Vous rendez-vous compte ? Des voyous au sein même d'une daïra», s'écrie encore notre interlocutrice à laquelle aucun responsable n'a voulu prêter attention. «Nous avons ras-le-bol des services de cette daïra. Tout est maladroit et bâclé. Et si vous n'avez pas des connaissances, vous allez souffrir le martyre pour un simple document. Nous sommes maudits à cause de cette daïra qui n'arrive même pas à la cheville de celle de Ben Aknoun, de Bir Mourad Raïs ou d'autres circonscriptions», confient des citoyens qui font le pied de grue des heures durant devant les guichets du service des cartes grises. Un service situé dans des locaux qui, c'est le moins que l'on puisse dire, ne paient pas de mine. Le même constat est à dresser pour l'ensemble des autres services de cette daïra, dont les murs fissurés, salis par des noircissures et les toits crevassés ne donnent aucunement l'impression au citoyen qu'il s'agit du siège d'une institution de l'Etat. La saleté des lieux écorche davantage l'image des autorités qui y siègent. Quant aux responsables censés veiller au confort et à la satisfaction des attentes de leurs administrés, ils sont tous aux abonnés absents. Les uns en sempiternelles réunions, les autres absents de leurs bureaux, personne n'a daigné répondre à nos sollicitations. Désireux de nous enquérir sur les problèmes inhérents à la délivrance des cartes grises, nous avons accroché le chef de service en personne, lequel a refusé de nous accorder la moindre information arguant qu'il n'est pas autorisé à parler aux journalistes. D'autres responsables adopteront le même ton. Assurément, à la daïra de Dar El Beida, on ne se soucie nullement des besoins du citoyen. A. S.