Les élections pour le renouvellement du tiers des membres du Conseil de la nation, qui auront lieu demain à travers les quarante-huit wilayas de la République, remettent au goût du jour une lancinante question : existe-t-il une pratique politique saine, donc sans corruption ? Cette question, et bien d'autres encore, s'est imposée de manière incessante ces dernières années, à côté d'une autre problématique -plus philosophique il est vrai- qui est celle de l'utilité de l'institution elle-même. Mais cette question, maintes fois remise sur la table, notamment par les partisans d'un Parlement monocaméral, à commencer par le président de la République lui-même, est strictement politique. Cela ne veut pas dire non plus qu'elle ne mérite pas d'être posée, mais la réalité est telle que parfois les questions censées être secondaires prennent le dessus sur «l'essentiel». Plusieurs personnalités politiques, et non des moindres, ont en effet soulevé, ces dernières semaines, la rituelle question de la corruption dans les milieux politiques, particulièrement chez les élus locaux, plus concernés par ces joutes qui se passent essentiellement parmi eux. Si beaucoup de partis politiques savent que leurs chances de décrocher un siège au sein de la chambre haute du Parlement est impossible, leur participation aux élections pose parfois des questionnements. Parce que, plus qu'une élection au suffrage universel direct où le résultat dépend en grande partie du choix des électeurs -censé être inaliénable- les sénatoriales ont cet avantage de donner à l'observateur plus de visibilité sur le corps électoral et sur les forces en présence. Cela fait que dans la majeure partie des circonscriptions, l'issue du scrutin est quasi connue, à une surprise près. Et si surprise il y a, c'est qu'il y a souvent anguille sous roche. Et c'est là où le bât blesse. Parce que, à entendre certaines «lamentations», il n'y a que des corrupteurs. Autrement dit, des prédateurs qui guettent des électeurs de leurs partis pour acheter leurs voix en vue de s'assurer le fameux sésame qui les conduira au Palais Zighout Youcef, siège du Conseil de la nation. Mais c'est vite oublier que dans un acte de corruption, il y a deux parties : le corrupteur et le corrompu. Cela fait automatiquement des élus de ces «petits» partis des corrompus, au même titre que ceux qui veulent acheter leurs voix. Ce qui est encore plus troublant dans cette affaire, c'est que ces «leaders» de partis participent au scrutin. Cela s'appelle de la passivité et, dans le pire des cas, de la participation à la corruption. Comment en est-il autrement lorsqu'on dénonce quelque chose et on y participe ? Cela n'est vraiment pas étonnant dans la mesure où presque le même procédé a été utilisé lors de la conception des listes pour les élections législatives de 2007. On avait crié au scandale, puis plus rien. Résultat des courses : les émoluments des députés, autant que ceux de leurs homologues sénateurs, ont été pratiquement triplés, rendant plus rude la bataille du Parlement. Une bataille qui se déroule avant l'élection, mais pas après. Quant à la mission qui doit être celle du parlementaire, elle peut toujours noircir les feuilles des documents de la République. A. B.