Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Entre le discours électoraliste et son application par les divers organismes publics qui ont une relation directe avec le quotidien des citoyens, il existe un écart fort important. Qui des prétendants aux deux assemblées n'aurait pas brandi sur papier une formule apte à casser le maillon bureaucratique ? Pourtant, la réalité sur le terrain vient tout démentir. Les lenteurs des prestations et les défaillances au niveau de tous les guichets et des bureaux des administrations et autres antennes communales sont le lot quotidien des citoyens. Les chaînes interminables de personnes commencent à se former aux portillons des postes et des mairies bien avant l'ouverture des bureaux. A la fin du mois, ce sont des retraités qui constituent les files d'attente. Pas facile de les prendre tous en charge sans qu'ils passent beaucoup de temps à attendre et pour cause, l'éternel problème des terminaux empêche la célérité des opérations de payement. «Ça ne marche pas. Il faut patienter… sinon il faut revenir plus tard…» C'est la seule alternative que l'agent de poste propose aux clients. «Au moment où l'univers de l'informatique facilite la vie à tous les citoyens du monde, ici c'est toujours le même problème qui surgit. Le PC ne fonctionne pas ou plutôt la liaison avec la centrale est coupée momentanément au grand dam de toutes ces personnes qui poireautent… Cette défaillance dans les services est perceptible dans la majorité des bureaux. A la grande poste du centre-ville la régulation du flux par l'attribution automatique des numéros ordonnés n'a pas mis de l'ordre. D'un côté, les citoyens ignorent, voire font fi des gestes de délicatesse envers des personnes âgées ou femmes enceintes. De l'autre, il faut avouer que le désordre et le chamboulement sont souvent occasionnés par des passe-droits sous les yeux des fonctionnaires et autres étudiants», dira un citoyen. «Ce n'est pas toujours évident de retirer de l'argent dans un distributeur automatique, car cela ne fonctionne pas à tout moment. Et puis les gens ne se sont pas encore acclimatés avec ces appareils, qui du reste sont souvent en panne», ajoutera une fonctionnaire qui attend patiemment son tour dans la longue file qui ne cesse de s'allonger et de se ramifier du fait de citoyens qui, impatients et inciviques, veulent passer avant tout le monde. «L'organisation au niveau de la poste n'est pas seulement du ressort du personnel, mais les citoyens doivent également y mettre du leur pour améliorer les services», estime un employé de cet organisme. A vrai dire, le secteur de la poste aurait fait peau neuve à Constantine avec autant de réaménagement lifté aux couleurs. Un ornement qui ne reflète pas la qualité des services fournis. «C'est absurde, pour un simple timbre fiscal on attend plus d'une demi-heure… et parfois on se rue vers les kiosques à tabac agréés pour se le procurer. Est-ce cela le renouveau dans les services ?» s'interroge un commerçant. Le même constat est fait par un autre citoyen qui venait de s'acquitter de sa facture téléphonique. «Maintenant on nous demande de nous munir de la somme exacte par manque de menue monnaie. A chaque fois, c'est le même scénario : “Donnez-nous de la petite monnaie s'il vous plaît”, réclament les guichetiers… Ce n'est pas à nous de leur fournir les petites pièces bon sang !!!» se chamailler martèle-t-il. Cette situation a été vécue par un abonné qui a failli se chamailler avec une préposée. Celle-ci lui a signifié clairement que faute de monnaie elle ne traitera pas sa facture… Autant de banalités, mais ce sont des casse-tête auxquels le citoyen est confronté au quotidien. Au niveau du réseau Internet, parfois c'est le débordement et les renseignements sont difficiles à obtenir en cas de coupure. «Si dramatique que cela puisse paraître, raconte un surfeur, il y a plus de deux mois, ma liaison Internet a été coupée. Me présentant pour payer, on m'annonce qu'il y a un problème de connexion alors qu'en réalité l'imprimante manquait de cartouche à encre. Ce qui empêchait l'établissement du reçu payé.» Les services des télécommunications ont visé loin par la mise en place de structures «in», mais sans pour autant parvenir à résorber les files d'attente et les nerfs des citoyens en font les frais. Le volet organisationnel est décrié par la population locale. L'autre baromètre de l'ornière réside dans les municipalités et leurs antennes respectives.Le secteur émet autant d'imperfections allant de la délivrance «des tombes au cimetière» aux actes de naissance et autres légalisations de documents. L'image de marque d'une cité est édictée par sa commune. Là aussi il est des défaillences et une anarchie sans précédent. La majorité des personnes que l'on a accostées sur les lieux témoignent de la bureaucratie affichée à ce niveau. Même, les responsables directs ont voulu y mettre de l'ordre la situation est chaotique quand on se présente aux guichets. Aujourd'hui, la vulgarisation par des réseaux intranet est plus que requise afin de traiter les simples demandes en une fraction de seconde. C'est toute une révolution qui s'impose pour faciliter le quotidien des citoyens «groggy» par cette expression : «revenez récupérer l'acte de naissance n°12 dans une semaine…» Sur un autre chapitre, des citoyens se plaignent du fait de ne pouvoir solliciter des antennes communales en dehors de leur circonscription. «On ne peut pas légaliser ou/et demander un document de quelque nature qu'il soit dans d'autres secteurs urbains. C'est une configuration qu'il faut réviser à mon sens. Cette pratique est obsolète», estime un cadre habitant la banlieue et œuvrant au centre-ville. En matière de respect des horaires de travail, la sonnette de pause résonne souvent bien avant l'heure de quelques minutes. Pour cela, on n'alerte pas dès lors que les lumières sont éteintes «en pleine figure des citoyens» sans aucun tact. En fait, les différentes imperfections relevées dans le secteur communal ayant un lien direct avec la demande du citoyen n'illustrent qu'une petite partie de l'iceberg. La municipalité cumule beaucoup de malaises profonds et aucun élu n'a daigné relever le défi en s'attaquant aux vrais problèmes auxquels la mairie et, par ricochet, le citoyen sont confrontés. Si d'aucuns estiment que les communes sont dénuées du plein pouvoir d'agir, il n'en demeure pas moins qu'elles ne font pas de sacrifice pour éradiquer la bureaucratie au seuil de leur porte…