Photo : Sahel De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Les gens viennent seulement pour prendre des renseignements sur les conditions de déplacement.» C'est l'une des réponses fournie par le responsable d'une agence de l'ONAT à Constantine, avec lequel nous avons pris attache dans la matinée d'hier au sujet des conditions de voyage des supporters algériens pour assister aux rencontres que disputera la sélection nationale dans le cadre de la Coupe d'Afrique des nations.Sur les avantages proposés par l'ONAT, il précisera que «la personne qui désire effectuer le déplacement à Luanda aura à s'acquitter d'un forfait de 220 000 dinars qui représentent les frais d'assurance ainsi que ceux de séjour dans la capitale angolaise pendant dix jours et neuf nuits d'hôtel». Toutefois, il y a lieu de préciser que la restauration n'est pas comprise dans ce que les spécialistes appellent «package» et le même responsable de l'ONAT de souligner : «Effectivement, les supporters qui seront logés dans des hôtels deux étoiles ne bénéficieront que du petit-déjeuner». Précisant sa pensée, notre interlocuteur ajoutera : «Il ne faut pas oublier que chaque supporter bénéficiera d'une allocation de voyage de 2 500 dollars». Bien entendu, nous avons évoqué l'éventualité d'une qualification pour le second tour de la sélection nationale et, vraisemblablement, à l'ONAT tout semble indiquer que les responsables n'occultent pas, et c'est quand même heureux, ce cas de figure. Sauf que dans la réalité ce serait plutôt au petit bonheur la chance auquel devraient faire face les Algériens qui envisageraient de prolonger leur séjour. Cela même si notre interlocuteur donne une réponse : «Une telle éventualité est surmontable parce que nous avons déjà été confronté à ce genre de situations -j'en ai encore le souvenir- au Mondial de 1982 en Espagne lorsque notre sélection nationale, au deuxième match, gardait ses chances intactes de passer au second tour. Des supporters avaient émis le souhait de prolonger leur séjour et effectivement, la tutelle n'y avait pas vu d'inconvénient dès lors que les proches et parents de ceux (supporters) résolus à demeurer sur place ont marqué leur accord pour le payement cash et sur place (en Algérie) des charges induites. C'est en fait une question d'organisation car la plus grosse difficulté reste la maîtrise du moyen de transport. Ce sont des vols charters qui sont organisés sur cette opération et il n'est pas aisé de chambouler tout un programme, quoiqu'il n'y ait rien d'impossible». En sus de l'ONAT, il se trouve aussi des agences de voyage qui ne peuvent qu'être tentées par un produit intéressant à plus d'un titre, plus particulièrement celles qui ont pignon sur rue et surtout l'expérience de tels déplacements de masse. Contactées une à une, leurs responsables du marketing nous diront qu'ils ne sont «pas concernés, non pas du fait d'un quelconque monopole d'organismes publics, mais tout simplement parce que c'est une opération commerciale sérieuse qui requiert du sérieux et une préparation. Nous aurions souhaité y participer non pas seulement en tant qu'opération mercantile pour nous, mais aussi et surtout parce qu'elle relève du devoir national». Tout cela est clair : les agences n'y vont pas parce qu'elles craignent d'y laisser des plumes ou également parce qu'elles n'ont pas la dimension de l'organisation d'un tel déplacement mais plutôt parce qu'il y a, qu'on le veuille ou non, une improvisation qui ne dit pas son nom. Et cette improvisation, le chargé de communication de l'une des agences le dira sans ambages : «Contrairement à la qualification pour le Mondial sud-africain, celle pour la Coupe d'Afrique était connue depuis longtemps. Pourquoi alors aurait-il fallu attendre dix jours avant le coup d'envoi pour mettre en place les procédures entourant un voyage qui n'est pas aussi simple que le penserait, sans doute légitimement, n'importe quel quidam. Il ne faut pas oublier que nous sommes en Angola, que les hôtels ne sont pas à notre seule disposition, autrement dit, il ne suffit pas d'attendre d'être qualifiés pour un autre tour pour dire à nos vis-à-vis que nos clients prolongent leur séjour. Il y a lieu de rappeler que s'il y a des supporters qui veulent rester, il s'en trouvera d'autres qui désireront rentrer. Or, nous avons des vols charters immuables et que nous devons honorer nos engagements envers les uns et les autres. Auquel cas, nous risquons de nous retrouver devant les tribunaux avec des griefs où il n'y aura aucun élément ou argument sérieux à notre décharge». En fait, dans cette affaire il y a lieu d'envisager tous les cas de figure possibles, dont celui de la qualification au deuxième tour, voire aux autres phases et permettre aux voyagistes de négocier dans le cadre d'un cahier de charges qui prendrait en considération les préoccupations de chaque partie. Un responsable d'agence conclura en rappelant des propos qu'aurait tenus le président directeur général d'Air Algérie, en l'occurrence M. Bouabdallah, à travers lesquels il disait en substance mais aussi en connaissance de cause que «les agences de voyages privées ne risquaient pas de pouvoir faire face à cette opération». En théorie, le voyage pour l'Angola a, sans doute, été soupesé ou encore évoqué non sans légèreté, voire sans grand discernement par les acteurs en présence de sa réalité sur le terrain. La passion ayant pris le pas sur la raison. Et celle-ci (la raison) ne peut qu'être rappelée à la... raison quand chacun parmi ceux qui auraient tellement aimé refaire le coup de Khartoum à moindre frais devrait quand même disposer au minimum de la bagatelle de 450 000 dinars. Aimer l'équipe nationale est une réalité sincèrement revendiquée par des Algériens, lesquels n'ont d'ailleurs plus besoin de le prouver. Mais l'aimer jusqu'à y laisser 45 000 dinars par jour pour des jeunes qui ne les gagnent pas à l'année, on peut qualifier cela d'insulte.