Le baril de brut a atteint, hier, quatre-vingt et un dollars, dans les premiers échanges de l'année 2010, sur fond de conflit commercial entre la Russie et la Biélorussie, un facteur auquel s'ajoute une vague de froid sidérale sévissant actuellement aux Etats-Unis. D'abord, il y a eu cette information euphorisante donnée par la compagnie pétrolière nationale biélorusse Belneftekhim qui avait avancé que le pétrole russe transitait «normalement» à destination des clients européens via la Biélorussie. Seulement, la veille, deux courtiers de grandes compagnies pétrolières russes avaient déclaré à Reuters que Moscou «avait suspendu» ses livraisons de pétrole aux raffineries biélorusses. Ces nouvelles, conjuguées à l'espoir d'une reprise de l'économie américaine, alimentent la hausse des prix du pétrole, qui ont enregistré un bond de 78% l'an dernier, le gain annuel le plus important depuis une décennie. En valeur, le brut léger US gagnait hier 1,65 dollar à 81,01 dollars, après avoir atteint 81,16 dollars, son plus haut depuis le 26 octobre 2009, rapportent des agences de presse. Le brent progressait, lui, de 1,67 dollar à 79,60 dollars. Cette tendance a été largement commentée par les spécialistes pétroliers. La question des exportations de pétrole russe n'est pour le moment pas une «source de forte inquiétude», mais elle vient s'ajouter à la tendance à la hausse observée sur le marché, note ainsi Clarence Chu, qui travaille sur les marchés pétroliers pour Hudson Capital Energy à Singapour. Le transit vers l'Union européenne n'est pas perturbé, mais l'Allemagne et la Pologne sont particulièrement attentives au contentieux entre Moscou et Minsk, après avoir subi des interruptions pour des raisons semblables en janvier 2007. Il n'y a pas de pénurie (de pétrole). Sur le plan physique, cela n'a pas d'impact sur le marché mais psychologiquement, c'est une nouvelle «très importante», souligne Eugen Weinberg, analyste pour Commerzbank. Aux Etats-Unis, les prévisionnistes de DTN Meteorlogix tablent sur des températures négatives à travers le Midwest, une vague de froid qui devrait accroître la demande en chauffage et conduire à de nouvelles hausses des prix du pétrole. Les données économiques positives en provenance de Chine et d'Inde alimentent également ce sentiment haussier. Les investisseurs suivront avec attention la publication aux Etats-Unis de l'indice ISM des directeurs d'achats du secteur manufacturier et les chiffres de l'emploi hebdomadaires et mensuels dans la semaine. Cette tendance à la hausse conforte les prévisions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) qui, réunie, le 22 décembre dernier à Lunda, en Angola, a maintenu inchangés ses quotas de production fixés actuellement à 24,84 millions de barils par jour. Y. S.