Les prix du pétrole ont bien résisté à la hausse inattendue des stocks américains ainsi qu'à la destruction de 85.000 emplois subie par l'économie des Etats-Unis. La belle série de dix séances de hausse s'est interrompue jeudi. Le marché pétrolier a attendu 24 heures pour réagir au rapport hebdomadaire du DoE. Mis à part les réserves de produits distillés (gazole et fioul) qui, au grand dam des analystes, n'ont finalement reculé que de 300.000 barils, malgré la vague de froid qui frappe l'hémisphère Nord, les chiffres rendus publics, mercredi, par le département américain de l'Energie faisaient apparaître une progression massive des stocks d'essence de l'ordre de 3,7 millions de barils tandis que ceux du brut ont bénéficié d'une hausse de 1,3 million de barils. Les prix du pétrole, pourtant très sensibles à ce type d'annonce, ont bien résisté à cette hausse inattendue des réserves américaines. Le baril de «Light Sweet Crude» coté à New York, a terminé la séance à 82,86 dollars ne cédant au passage que 32 cents alors que le baril de Brent de la mer du Nord échangé à Londres, qui venait de céder 30 cents, avait affiché 81,57 dollars. Ce n'est pourtant pas l'unique raison qui a provoqué ce léger recul des cours de l'or noir. Le billet vert, qui venait de reprendre quelque vigueur, ainsi que des informations circulant à propos d'un durcissement de la politique monétaire chinoise ont contribué à ce fléchissement des prix du brut, faisant craindre, du coup, un ralentissement de la demande de l'économie du pays des Dragons. Avec un niveau record de près de 36 millions de barils, les stocks de Cushing, principal terminal américain de livraison des contrats de brut, constituent un autre motif de préoccupation. Cependant, et contre toute attente, le marché pétrolier qui semble avoir bien intégré toutes ces données, s'est offert une dixième séance consécutive de hausse, mercredi, qui a propulsé les cours de l'or noir à 83,52 dollars, un niveau qu'ils n'avaient plus atteint depuis le 9 octobre 2008. Cette remarquable série s'est interrompue le lendemain. «Les cours du pétrole brut sont retombés pour la première fois en 10 jours...alors que les marchés d'actions reculaient et que le dollar reprenait quelque vigueur», a fait remarquer Addison Amstrong analyste chez Tradition Energy, qui a signalé au passage que le ralentissement du crédit en Chine, qui aurait tendance à réduire la demande des matières premières, pourrait agir négativement sur les prix. Ces derniers allaient subir, vendredi, leur seconde baisse consécutive, qualifiée toutefois de modeste. Le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail américain, publié il y a 48 heures, faisait ressortir une destruction de 85.000 postes de travail au mois de décembre. La première économie de la planète avait pourtant créé pas moins de 4000 emplois au mois de novembre 2009. Un bilan qui «semble refroidir, au moins temporairement, les vues les plus optimistes sur la reprise qui devrait conduire à un réexamen des perspectives de croissance de la demande pétrolière», estimait le président du cabinet Cameron Hanover, Peter Beutel. Les prix de l'or noir peuvent cependant compter sur un précieux allié qui semble vouloir s'installer durablement en ce moment: le froid polaire qui sévit à travers certains endroits de la planète. «Les Etats-Unis, l'Europe et l'Asie sont pris par un froid intense, qui devrait durer. Le Royaume-Uni rationne les consommateurs industriels en gaz et le nord de l'Ecosse a vu les températures plonger à -22 degrés», a indiqué l'analyste du courtier PVM David Hufton. «Plutôt que dans une tempête de neige, les prix du pétrole sont plutôt pris dans une tempête climatique liée à la réaffectation des investissements en début 2010», a précisé Olivier Jacob du cabinet Petromatrix. Il faut ajouter à tous ces facteurs le différend persistant entre la Russie et le Bélarus, pays par où transite le pétrole russe destiné à l'Europe, qui fait peser une sérieuse menace sur la cessation des approvisionnements d'or noir de certains pays de l'Union européenne. Des informations parvenues par le canal d'un média public biélorusse faisaient état d'un échec des négociations entre les deux pays à propos des prix à appliquer pour l'année 2010.