Pour la cinquième édition du forum de la mémoire organisée hier par l'association Machâl Echahid au siège du forum d'El Moudjahid, le théâtre et la révolution étaient à l'honneur et cela en présence de quelques hommes de théâtre. Le 8 janvier 1963, qui restera sans doute gravé dans la mémoire des artistes, est la date de la nationalisation de la maison de l'opéra, devenue le Théâtre national algérien. Pour célébrer cet événement, l'association a opté pour des hommages à deux grands hommes du 4ème art ayant pleinement contribué à sa popularisation. Il s'agit des regrettés Mustapha Kateb et Mohamed Boudia, deux personnages atypiques dont on ne peut citer les noms sans évoquer leur parcours brillant, leur combat et leurs œuvres. «Mustapha Kateb est parmi les fondateurs de la première école d'art, une institution qui a formé de grands noms à l'image de Sid-Ali Kouiret, de Yahia Ben Mabrouk et d'El Hadj Omar», déclare M. Rabia dans sa communication d'ouverture au cours de laquelle il a présenté les biographies des hommes. Faisant preuve d'originalité, il a rédigé les biographies sous forme de prose. Il cédera ensuite la parole au comédien Taha El Ameri, ex-membre de la troupe du FLN qui présentera son témoignage à l'assistance. Etait aussi présent dans la salle le fils de Mohamed Boudia, Abderrahmane Boudia. On relèvera cependant l'absence de la famille de Mustapha Kateb. Par ailleurs, c'est dans une ambiance plus ou moins morose que le forum s'est déroulé, avec peu d'intervenants et en l'absence de plusieurs témoins de la période. Il faut dire que, pour un tel événement, on aurait dû fournir un peu plus d'efforts et faire preuve d'imagination pour un hommage à la mesure des deux personnages. Il serait temps de revoir la conception que nous avons des hommages, lesquels souvent se limitent à la commande d'un bouquet de fleurs qu'on remettra à la famille du disparu après l'avoir présenté et avoir conté quelques histoires anecdotiques. Rendre hommage à une personne qui a marqué l'histoire, c'est le ressusciter à travers la publication de ses œuvres et la présentation de ses créations au public. Hélas, 38 ans après le décès de Mohamed Boudia et 20 ans après celui de Mustapha Kateb, rares sont les gens qui peuvent se targuer de connaître leurs travaux. N'est-il pas temps et juste d'accorder à de grands noms une véritable attention ? Pour rappel, ces deux personnages ont positivement marqué la période de l'après-indépendance et cela en démontrant que le peuple algérien, au-delà de ses peines, est un peuple connaisseur et qui sait apprécier l'art en général et le théâtre en particulier. Mais cela s'est dissipé avec le temps jusqu'à presque effacer ces noms de la mémoire collective. Mohamed Boudia et Mustapha Kateb n'intéressent plus que les universitaires. Ils sont devenus des sujets d'étude alors que c'est grâce à eux et d'autres personnes de la même trempe que le 4ème art est arrivé à marquer la culture algérienne et toute une période de l'Algérie. W. S.